Charlie enchaîné

Une revue de presse de Charlie Hebdo et du Canard enchaîné.
Et un peu plus.

Accueil du site > Coin des rédacteurs > DSK : la justice doit passer

DSK : la justice doit passer

lundi 30 mai 2011

Ce texte fait suite à la chronique « Je n’accuse pas, je récuse ! » (Charlie enchaîné).

DSK démissionne de son poste de Directeur général du FMI ; l’acte est administratif. DSK explique dans sa lettre de démission pourquoi il en est arrivé là ; la démarche est pédagogique. DSK se dit innocent des accusations qui pèsent sur lui ; l’approche est morale. DSK est accusé de viol, l’action est de l’ordre du pénal et ça ne devrait regarder plus personne en dehors de l’accusé lui-même et de sa victime. Maintenant que tout le monde dit que DSK est un monstre sexuel, un séducteur invétéré ou même un récidiviste violeur de femmes, l’outrage me paraît vaudevillesque.

D’abord en ce qui concerne les penchants sexuels troubles d’un homme ou d’une femme, ni la presse, ni aucun communautarisme de quelque partie du monde ne doivent se sentir forcés de se substituer à l’éducation nationale, à la police des mœurs ou à la justice. Toute personne est libre de gérer son existence comme bon lui semble, sinon comme le lui offriraient ses moyens, ses possibilités, son éducation et les aléas de sa propre vie, en veillant seulement à respecter celle d’autrui. Ceux qui veulent éviter la justice en cas de dépassement de la dose, peuvent toujours solliciter les services de la santé mentale.

En ce qui concerne le viol qui est un abject acte criminel juridiquement répréhensible donc, qui trouvera son écho sur le plan pénal, il appartient à tout un chacun de le condamner « moralement » sans s’interférer obligatoirement dans ce qui ne devrait impliquer que des magistrats professionnels. Se tenir donc calmement !

Ce qui arrive à DSK (toujours présumé innocent à ce que je sache), est assez grave pour que la justice américaine le réprime correctement si, bien entendu, le parquet collecte les indices les plus concordants et fournit les preuves irréfutables en pareilles affaires. La défense constituée par le mis en cause travaillera dans la même direction pour espérer obtenir des résultats contraires. Les avocats de DSK, s’ils sentent le besoin de faire appel à des renforts externes, n’adresseront certainement pas leurs demandes à l’opinion publique française pour faire avancer leur contre-investigation, pas plus que la justice US n’aura besoin de recourir à la sous-traitance pour faire le sien.

Les apprentis accusateurs qui semblent trouver en les déboires de DSK une convenance pour importer, en France, le modèle de la justice américaine pour (probablement) se venger de la leur, gagneraient à associer leurs efforts à ceux des tenants de la pitoyable défense « communautaire » qui fait rage en France, dans le but de faire pacte commun tendant à se tenir calmement, la bouche cousue si possible.

La justice américaine doit passer ! Elle semble le faire d’avantage pour s’assurer une rentrée d’argent dans le circuit économique de 7 millions de dollars que pour le présumé viol qui l’a suscitée. Quant au fait de « désir » sur lequel s’appuie la défense, il ne faut nullement s’étonner de l’autre côté de l’Atlantique où seul le consentement absout la « faute ». Les unes désirent sans consentir, les autres consentent à commettre ce qu’elles ne désirent pas forcément. DSK qui maîtrise les finances mais pas les lois, n’aurait fait, quant à lui, que se tromper de cible.

La justice doit passer ! Certes. En réparant une injustice, pas en passant dessus, pas en l’écrasant. « Écraser », même une injustice, est en soi un fait horrible et, plus grave serait encore que cela ne soit l’œuvre de la justice. À bon entendeur !

Hadi Taibi


Commenter cette brève





Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette