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Duel à six sur la peopolisation de la vie politique

mercredi 24 octobre 2007

Le directeur de Charlie Hebdo Philippe Val a participé, au côté de son « ami » Bernard-Henri Lévy, à l’émission « Duel sur la 3 » (21/10/2007) animée pas Christine Ockrent.

Une émission en trois temps

Dans la première partie, BHL était “opposé” à Jacques Séguéla pour débattre du rôle des médias dans le « feuilleton sentimental » devenu « affaire d’État » que constitue, selon le sommaire de l’émission, le divorce du couple Sarkozy.

Dans la seconde partie de l’émission, l’avocat Christophe Bigot, qui défend les intérêts d’un magazine people (non précisé), et Philippe « Vial » (comme l’a prononcé Christine Ockrent en toute fin d’émission) ont rejoint Séguéla et BHL sur le plateau afin de discuter du thème « Vie privée et vie publique ». Tous les quatre se sont accordés pour dire (et, semble-t-il, pour déplorer) que la blogosphère — et plus généralement internet — est « incontrôlable » [1].

Dans la troisième et dernière partie de l’émission, les députés Noël Mamère (Les Verts) et Jérôme Chartier (UMP) étaient interrogés par Jean-Michel Blier sur les implications politiques de la confusion entre « people » et « peuple ». Le débat entre les deux parlementaires a rapidement tourné autour de la question des institutions et de la séparation des pouvoirs.

De l’omniprésence dans les médias

Dans cette émission, il fut beaucoup question de l’omniprésidence de Nicolas Sarkozy, mais finalement peu question de l’omniprésence de certaines personnalités dans les médias. Et si ce n’était pas l’apanage des politiques ?

Contrairement à Béatrice Schönberg (épouse du ministre Borloo), Christine Ockrent (compagne du ministre Kouchner) a bénéficié d’un traitement d’exception. Présente derrière le petit écran depuis 1981, il était opportun de la laisser animer un débat sur le rôle des médias dans l’évolution des « mœurs » politiques...

Bernard-Henri Lévy, qui, bien sûr, ne fait jamais la couverture d’un magazine « people », se multiplie sur tous les écrans depuis la sortie de son livre Un grand cadavre à la renverse [2]. Philippe Val est régulièrement attaqué par les critiques des médias proches de la gauche radicale pour ses nombreuses apparitions médiatiques [3]. Quant à Jacques Séguéla...

À la fin de l’émission, tous les invités, même les “inconnus” Bigot et Chartier, avaient un livre à vendre. La boucle médiatique est bouclée.


Acrimed adopte un autre angle, moins consensuel, pour traiter de la « rupture » du couple Sarkozy. L’association de critique des médias relève que la presse a, dans une très large majorité, choisi de privilégier le « conflit matrimonial » par rapport au « conflit social » que constituait, le même jour, les grèves « d’une ampleur inédite » [4]. Évoquant l’émission « Duel sur la 3 » du dimanche, Mathias Reymond reproche à Philippe Val de s’être “couché” devant BHL.

Quelques jours plus tard, au cours de son interminable promotion, Bernard-Henri Lévy participe, avec Philippe Val et Jacques Séguéla, à un débat sur le même sujet « chez » Christine Ockrent (« Duel sur la 3 » France 3, 21 octobre 2007). Un échange savoureux évacue tout diagnostic sur la coïncidence entre l’annonce du divorce et la journée de mobilisation. Philippe Val se risque à émettre un soupçon, en s’étonnant de la liaison entre le calendrier social et politique d’un côté, et les aléas de la vie sentimentale des responsables politiques de l’autre : « L’un c’est le jour des grèves, l’autre [Ségolène Royal] c’est le jour des législatives… » Mais il se fait reprendre par BHL : « Je crois qu’il ne faut pas être trop paranoïaque sur le calendrier, Philippe Val. (…) Et dire que Sarkozy a annoncé son divorce pour casser les grèves des régimes spéciaux… » « Oui, c’est vrai… », insiste Christine Ockrent. Et Philippe Val, embêté d’avoir émis l’hypothèse d’un complot, alors qu’il en pourfend les théoriciens, réels ou imaginaires, essaye d’atténuer son propos : « Non, mais le hasard fait bien les choses. » Pas satisfait par le manque de docilité de son nouveau poulain, BHL, l’index tendu et le regard impérieux, affirme : « Je ne crois pas. » Val, penaud : « Non, mais c’est vrai, ça n’a aucune importance. ». Qu’est ce qui n’a aucune importance ? Que les médias se soient précipités sur l’annonce du divorce plutôt que de privilégier l’information sur les grèves ?

Dernière minute : Dans un éditorial (Charlie Hebdo n°801, 24/10/2007) où il moque une France qui a voté en pensant « liquider l’héritage de Mai 68 », le directeur de la publication de Charlie écrit :

Les Français ont voté baguette et camembert, et non pas braguette et jambes en l’air. On pensait qu’avec Nicolas Ier la France redeviendrait familiale, blanche et besogneuse, et au bout de quatre mois, non seulement il y a toujours autant d’étrangers, mais elle conjugue, le même jour, la grève des feignasses et la frivolité de la famille régnante. Ce jeudi noir, en réalité, était un jeudi rose, de ce rose qui semble devoir un jour remplacer à lui tout seul le bleu de l’horizon, le blanc de la pureté et le rouge du sang versé pour la patrie. Rompez.

Voir en ligne : Evolution des moeurs ou révolution politique

Notes

[1] Dans le cadre de « l’affaire Cécilia », Daniel Schneidermann offre une lecture différente : « Rumeur Cécilia : les irresponsables du Net ne sont pas ceux qu’on pense ».

[2] « BHL 2007, une promo téléphonée » (Arrêt Sur Images)

[3] « Philippe Val caresse le Medef et attaque un collaborateur du Plan B » (Le Plan B)

[4] « Conflit matrimonial sur fond de conflit social  » (Acrimed)


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