Inutile de beaucoup parler. La plupart ignoraient tout de Jaime Semprun, mort ces derniers jours. Il était un intellectuel, dans un sens perdu depuis si longtemps qu’il paraît n’avoir jamais existé. Penseur dans le fil situationniste, il avait créé et dirigeait une maison d’édition admirable, L’Encyclopédie des nuisances. Comme il était libre, il s’est beaucoup trompé. Je ne partageais pas la vision générale qu’il s’était faite de la vie sur cette terre, mais sa pensée était profonde, mais elle était féconde. Dans ce monde de pacotille qui est le nôtre, il était inévitable que sa disparition ne fasse pas une ligne, en dehors de l’hommage que lui a rendu Jean-Luc Porquet dans Le Canard enchaîné (11/8).
Si vous avez envie de lire certains de ses livres, vous finirez bien par les trouver. Il ne se contentait pas de réfléchir, il savait écrire. Et sinon, restons-en là. Éditeur, il avait publié avec Ivrea quatre tomes prodigieux de textes et de lettres de George Orwell. Cette seule action suffirait à illustrer une vie, à mes yeux du moins. Voilà. Fini.
(Source : Planète sans visa, le blog de Fabrice Nicolino)
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