Charlie enchaîné

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Le Canard enchaîné : la tournée médiatique du centenaire

samedi 26 novembre 2016

Les apparitions médiatiques des journalistes et, à un moindre degré, des dessinateurs du Canard enchaîné sont plutôt rares. Mais à l’occasion des cent ans de l’hebdomadaire satirique, les articles et autres émissions se multiplient, et ses plumes et ses crayons répondent plus facilement aux sollicitations de leurs confrères. Par exemple dans Le Grand journal sur Canal Plus le 27 octobre dernier, ou sur le site Arrêt sur images un mois après (vidéo et lien ci-dessous).

Certains membres du Canard enchaîné participent aussi à des rencontres publiques pour promouvoir l’ouvrage Le Canard enchaîné, 100 ans (Seuil) et parler du journal aujourd’hui, comme ce 23 mercredi novembre, où la journaliste Dominique Simonnot et le dessinateur Jean-Michel Delambre étaient conviés par le Club de la presse Nord-Pas de Calais dans une grande librairie lilloise. Nous avons assisté à cette rencontre.

Cabu, mentor de Delambre

Quand il s’exprime au sujet de son métier de dessinateur de presse, Delambre en revient presque systématiquement à Cabu. Car c’est grâce à ce dernier, disparu dans la tuerie du 7 janvier 2015, que le caricaturiste nordiste est entré au Canard enchaîné. « Je lui faisais ses couleurs » rapporte Delambre, qui considère que Cabu était un modèle pour ses confrères, puisque bien souvent c’était lui qui « donnait le ton » pour caricaturer un personnage public. « Trump est le seul personnage que Cabu n’aura pas dessiné », constate tristement Delambre — même si, les lecteurs fidèles s’en souviennent peut-être, il avait tardé à dessiner Marine Le Pen.

Autre anecdote relatée par Delambre, qui se dit « fier d’avoir des aînés qui nous ont donné le goût du travail bien fait » : « Avec Cabu, on essayait de faire passer des dessins de mauvais goût. Parfois ça passait. Mais Le Canard enchaîné recherche plutôt la subtilité. » Des propos qui corroborent ce que ce même Cabu nous expliquait à propos de la différence entre Le Canard et Charlie en ce qui concerne le choix des dessins : « On dessine pour un rédacteur en chef. Quand on fait un dessin, on sait bien qui va le lire. C’est instinctif. Pour Charlie, on peut aller plus fort dans les idées, dans les gags, on peut faire des enculades, alors qu’au Canard ils n’aiment pas ça. »

Enfin, Delambre a rapporté l’une des dernières discussions qu’il a eue avec son mentor. « Tu as voyagé partout dans le monde pour faire des reportages, en Inde, en Chine, etc. Il n’y a qu’un seul endroit où tu n’es pas allé, c’est en Corse. Pourquoi tu ne vas pas en Corse ? », demande celui qui a publié plusieurs albums sur l’île de Beauté. Réponse de Cabu dans un éclat de rire : « Parce que je tiens à la vie ! » C’était une semaine avant l’attentat du 7 janvier 2015…

Dominique Simonnot, journaliste enragée et engagée

Dominique Simonnot, journaliste spécialiste des questions judiciaires, est entrée il y a une dizaine d’années au Canard enchaîné après avoir quitté Libération suite à son rachat par Edmond de Rothschild. Elle y tient, page 5, la rubrique « Coup de barre », où elle narre des scènes vues en audience, le plus souvent lors de comparutions immédiates. « Parfois, quand j’assiste aux audiences, j’ai honte de la justice. Il m’arrive d’en avoir les larmes aux yeux », confie-t-elle. « Je peux me permettre de remettre en cause des décisions de comparution immédiate. Le journal est à fond derrière moi ! » À la question « Quelles sont vos têtes de Turc », Dominique Simonnot répond : « Les magistrats qui envoient trop de monde en prison sans jamais y mettre les pieds. »

On apprend aussi par l’intermédiaire de la journaliste que la question de savoir s’il faut aller ou pas sur Internet a suscité un débat au Canard enchaîné : « Certains sont pour, d’autres non. » Quand on lui demande des précisions en aparté, elle rigole : « En fait, il n’y a qu’une personne qui est pour ! » Mais Dominique Simonnot se garde bien de dévoiler de qui il s’agit… Cependant, elle reconnaît une certaine frustration : « Parfois, on enrage parce qu’on a une info le mardi soir ou le mercredi matin [juste après le bouclage du Canard, NDR] et on sait bien qu’elle sortira ailleurs d’ici la semaine suivante. » Mais pour la journaliste, « il y a une identité propre au Canard, on la perdrait sur Internet ».

Enfin, une question a été posée à Dominique Simonnot au sujet de la réputation misogyne de l’hebdo satirique. « En arrivant, j’étais terrorisée. Je ne connaissais rien à ce journal, à part Brigitte Rossigneux [ex-journaliste du Canard spécialisée dans les questions de défense, notamment, NDR]. Mais je n’ai jamais subi aucune réflexion déplacée », assure-t-elle. « Ils ont des réflexes rigolards, oui, concède-t-elle cependant. Mais comme je suis assez vulgaire, ça ne me pose pas de problème ! » Et quand bien même, « on n’est pas des pauvres femmes journalistes écrasées, opprimées. On a les moyens de répondre », estime Dominique Simonnot. Voilà ses collègues prévenus !

Le Canard Enchaîné a 100 ans ! - Le Grand Journal du 27/10

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