Connu pour ses fameux coups de gueule, notamment lors de la canicule de 2003, Patrick Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes, sait jouer avec les micros et les caméras. Mais, il connaît aussi l’envers du décor, les backstages du monde journalistique, depuis sa collaboration à Charlie Hebdo, en tant que chroniqueur. Il sera, ce soir (28/5), à la Poterne, en compagnie de Charb, directeur de publication et dessinateur de presse, pour une conférence-débat sur la liberté de la presse. Rencontre.
lyonne.fr Comment avez-vous été contacté pour participer à ce débat ?
Patrick Pelloux. Par le biais d’un ami, rencontré à Villeneuve-sur-Yonne devant un kiosque à journaux. On laisse mourir cette profession. La presse est en crise mais elle va continuer. Il ne faut pas qu’elle se complaise dans cette dépression. Défendre la liberté de la presse, c’est défendre tout une filière.
La liberté de la presse est un vaste thème, quels grands axes allez-vous aborder ?
Effectivement, c’est très vaste. Il y a plusieurs façons d’en parler. Prendre l’angle économique, de la démocratie, de l’histoire, du professionnalisme des journalistes et aussi l’angle de l’avenir. Que serait le pays sans journaux ? Car être journaliste est un vrai métier. Ce n’est pas en tapant trois mots sur un moteur de recherche que l’on devient journaliste. Internet, c’est utile mais ça ne fait pas tout. Comme les journaux gratuits, ça tue tout. La liberté de la presse, ça se paie. Il y a des milliers de journalistes qui meurent chaque année pour ça.
Pensez-vous que la presse française est censurée aujourd’hui ?
C’est de l’autocensure. Aujourd’hui, c’est plus vicieux. À Charlie, on ne ressent pas ça. Mais par exemple, Libération qui appartient aujourd’hui à Rotschild n’est plus le même journal qu’avant. L’évolution est regrettable. Le Figaro, qui appartient à un marchand d’armes et grossit ses chiffres en comptant les journaux qu’il distribue gratuitement, ne va pas forcément traiter des problèmes d’armements. C’est une autocensure pour survivre.
Voir en ligne : « La liberté de la presse, ça se paie »