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Salade niçoise

À la recherche du “touriste de qualité”

jeudi 5 août 2010, par Jeddo
mise à jour : mardi 26 octobre 2010

Aidons-nous de la vidéosurveillance pour le trouver.

Voilà un élu UMP qui gagne à être connu. Benoît Kandel, conseiller général des Alpes-Maritimes et premier adjoint au maire de Nice, le ministre de l’Industrie Christian Estrosi, justifie ainsi le développement de la vidéosurveillance dans sa bonne ville (Libération, 05/08/10) : « Il faut offrir un bon niveau de sécurité si on veut attirer des touristes de qualité. » Malheureusement, l’élu ne précise pas sa pensée. Le pauvre lecteur en est donc réduit à spéculer sur ce concept novateur de « touriste de qualité ». Il s’agit en tout cas de quelqu’un disposé à être en permanence scruté pas les quelque 450 caméras installées aux quatre coins de la ville.

Ce « touriste de qualité » modèle de l’adjoint au maire de Nice pourrait être le président Sarkozy. En voilà un qui apprécie particulièrement la présence d’objectifs orientés dans la direction de sa personne. Le chef de l’État a en outre ses habitudes dans un restaurant coté de la ville, La Petite Maison. Attend-on d’un « touriste de qualité » qu’il se montre généreux envers le personnel d’un établissement renommé de la cité ? Quoi qu’il en soit, une semaine après le passage du Président lors du sommet Afrique-France, la patronne du resto, Nicole Rubi, recevait les insignes de chevalier la Légion d’honneur des mains du maire Estrosi, grand copain de Sarko (Le Canard enchaîné, 04/08/10).

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Sarkozy entouré de caméras et de micros
Photo © Reuters

Mais le président de la République préfère passer ses vacances dans le département voisin du Var, au Cap Nègre, à une centaine de kilomètres de Nice, mais aussi à deux heures de route de Baudinard-sur-Verdon. Ce petit village de l’intérieur des terres varoises fait figure de parangon de la politique sécuritaire prônée par l’UMP : il concentre pas moins de 12 caméras pour 150 habitants. Cet exemple pourrait bien nous aider à trouver la définition du « touriste de qualité ». Il s’agirait dans ce cas de celui qui possède une résidence secondaire dans une bourgade ensoleillée et pour qui la vidéosurveillance apparaît comme « une sécurité contre les cambriolages » (Charlie Hebdo, 04/03/09).

Si les caméras ont la vertu d’aimanter les « touristes de qualité » et de protéger les propriétés privées, ce sont bien les habitants de la ville qui les financent (6 millions d’euros à Nice) et se les coltinent été comme hiver (Baudinard compte seulement 80 habitants à l’année). Le maire du petit village varois balaye les critiques quant à l’efficacité du dispositif de vidéosurveillance : « Mieux vaut être trop sécurisé que pas assez, non ? » (Var Matin, 06/03/09) Le premier adjoint au maire de Nice, qui revendique une baisse de 5% de la délinquance en 2009, lui, se lamente : « On hésite à communiquer car ce n’est pas le sentiment des gens. » Ô Niçois qui mal y pensent !

P.-S.

Illustration © Wikimedia Commons/Hustvedt

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