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Abracadabrantesquement vôtre

mercredi 4 novembre 2009, par Hadi Taibi

Les honneurs de la fonction se terminent, les ennuis avec la justice commencent. Ainsi est faite la vie politique en France, cette grande nation démocratique dans son fonctionnement, hypocrite dans son raisonnement.

La même justice, au nom de la même liberté, dans le même pays et pour la même affaire, se renvoie un guenilleux dossier entre les bureaux du procureur général et de la juge d’instruction, relevant tous deux de la même juridiction. D’une part, le parquet qui avait requit un non-lieu général et de l’autre, une juge d’instruction qui continue à farfouiller dans les comptes archivés à la mairie de Paris pour étaler sa thèse selon laquelle l’ancien président de la République serait passible de poursuites devant la correctionnelle, pour le chef de détournement de fonds publics.

Les juristes avertis vous diront que ce cas de figure a été soigneusement prévu par le législateur pour assurer la séparation des pouvoirs à l’intérieur même du pouvoir judiciaire. Le parquet qui assure la direction de la police judiciaire échappe au contrôle de la chambre d’accusation ; pas le juge d’instruction, qui y reste soumis. Je crois avoir compris qu’une fois que l’instruction établira les faits, il sera demandé au parquet de faire son acte d’accusation. Le procureur général a déjà averti qu’il fera appel. Ainsi commence la saga de la juge d’instruction qui cherche un accusateur pour boucler son dossier.

Et c’est, malheureusement, ce même levier judiciaire qui a permis, récemment, à la justice de faire marche arrière dans l’affaire de l’assassinat de l’opposant Marocain Mahdi Benbarka, qui lui permet aujourd’hui de faire marche avant dans l’affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris.

« Emplois fictifs »

Dessin © Chimulus

Chirac n’a plus le privilège juridictionnel ; il doit tout naturellement se présenter devant la justice de son pays, qui l’accuse d’avoir créé 21 emplois fictifs entre 1977 et 1995 lorsqu’il était maire de Paris, soit environ 1 emploi fictif par année, si l’on considère que le sien était bien réel. Sachant que durant cette période, Monsieur le maire de Paris a bien occupé des fonctions gouvernementales qui l’ont momentanément éloigné de l’emploi pour lequel il était élu et régulièrement rémunéré.

Les Français soutiennent dans leur majorité que la justice doit suivre son cours pour Jacques Chirac comme pour n’importe quel citoyen français, selon un sondage BVA. Les Français n’ignorent pas, également, dans leur majorité, qu’il s’agit là d’un détournement qui a profité au système hypocrite et non pas à Chirac qui n’en avait tiré aucun bénéfice à titre personnel. Les Français doivent savoir, enfin, dans leur majorité que 21 emplois fictifs au bord de la Seine à Paris c’est à peine l’équivalent d’un vol à la tirette au bord de la promenade des Anglais à Nice. C’est l’œuvre de minables voyous.

Entre 1995, année où l’ex-maire de Paris avait remis les clés de sa mairie et l’année 2009 où la justice peut enfin le poursuivre pour les présumés emplois fictifs qu’il aurait créés, Monsieur Chirac a été président de la République, 12 années durant. Le reconnaitre aujourd’hui coupable, c’est admettre qu’entre 1995 et 2007, le locataire de l’Élysée n’était qu’un vulgaire malfaiteur.


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