Charlie enchaîné

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Vidéosurveillance

Baudinard-sur-Verdon surveille ses chats délinquants, ses chiens crotteurs...

... et surtout leurs propriétaires

lundi 16 mars 2009, par Charlie enchaîné

Dans cette riante cité du Var, la mairie a fait installer 12 caméras pour assurer la sécurité de ses 150 habitants, dont 80 résidents permanents. Le Canard enchaîné le signalait dans son numéro du 25 février dernier, tandis que Charlie Hebdo s’est carrément déplacé dans le Verdon pour constater les dégâts et en rendait compte dans son édition du 4 mars 2009.

C’est le quotidien régional Var Matin qui l’a relevé le premier. « À Baudinard, on vous a à l’œil », titrait le journal (13/02/09), qui donnait le ton : « Il faut le voir pour le croire ! Baudinard, 146 habitants. 51 intra-muros. Et pas moins de douze caméras de vidéosurveillance. Hallucinant. Et pourtant. Un remake du Loft, à la campagne. L’atmosphère est pesante. Question d’habitude, paraît-il. »

Le Canard enchaîné ne pouvait pas ne pas s’emparer de ce phénomène (« Loft Story dans le Verdon », 25/02/09). L’hebdomadaire satirique en profite pour moquer l’actuelle ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie (surnommée MAM), qui « ne devrait pas tarder à s’acheter une résidence secondaire » à Baudinard-sur-Verdon. MAM est en effet une grande promotrice de la surveillance vidéo généralisée, dont « elle rêve de tripler le nombre de systèmes (...) d’ici à 2010 », rappelle Le Canard.

Reprenant simplement les informations parues dans Var Matin, Le Canard enchaîné les commente à sa manière... sarcastique. Par exemple, la caméra qui surveille les cours de tennis de Baudinard est là « sûrement pour lutter contre les vols de balles jaunes et de filets, fréquents dans le Verdon ». L’hebdomadaire satirique rigole aussi d’un délit « résolu » grâce au système de vidéosurveillance : le patron du seul bistrot du village a ainsi « récupéré » un client parti sans payer. « Dans un village de 146 habitants, il est vrai que sa cavale aurait pu durer des mois ! », ironise Le Canard.

« Un délinquant est caché dans cet écran de contrôle... »

Charlie Hebdo a quant à lui envoyé deux reporters, la journaliste Marine Chanel et le dessinateur Luz (dessin ci-dessus), pour couvrir l’événement (« Big Brother is watching que dalle », 04/03/09). Premier constat, Baudinard-sur-Verdon est « une terre de chasse ». En témoigne cet impact de balle « au centre du panneau, sous le nom du village ». Deuxième constat, « quelques enjambées suffisent à faire le tour du village ». Pourtant, avec toutes ces caméras — une pour six résidents — « Baudinard pulvérise tous les records sécuritaires », observe Marine Chanel.

Les deux envoyés spéciaux de Charlie Hebdo ont fait le tour du propriétaire avec le premier adjoint au maire, André Donatien. Bien que rompu à l’exercice de l’interview — étant donné le « déferlement médiatique » qui s’est abattu sur sa commune depuis le premier article de Var Matin —, celui-ci est bien incapable de dire combien de délits ont lieu en 2007, avant la mise en place de la vidéosurveillance. « Qu’importe les chiffres ! Du moment que les habitants se sentent en sécurité... », commente la journaliste.

Alors, à quoi servent donc ces caméras ? André Donatien conduit volontiers les journalistes au saint des saints : « un réduit encombré de dossiers, dans lequel se niche un petit ordinateur à écran plat ». Là, les deux reporters peuvent voir un chat traverser rapidement une rue. « Venait-il d’assassiner une souris ? », se demande alors Marine Chanel. Cette dernière note plus sérieusement, document à l’appui, que la mairie projette de « verbaliser les crottes de chiens »...

Selon des témoignages recueillis par Charlie Hebdo, le maire UMP du village, Georges Pons, lors d’un conseil municipal, « se serait vanté de regarder les bandes quand il veut, avec qui il veut ». Mais pourtant, celui-ci « a confortablement été réélu » en 2008. Marine Chanel explique le pourquoi du comment. Le village compte 80 résidents, mais 192 inscrits sur les listes électorales ! « La plupart des habitants y possèdent un résidence secondaire », écrit la journaliste. Deux d’entre eux, qui résident principalement en Avignon, s’expriment : « Nous, on passe quinze jours par an ici. Alors ça nous fait une sécurité contre les cambriolages... Mais c’est vrai que si on habitait sur place, franchement, je ne suis pas sûr qu’on serait contents. »

Le syndrome Nimby a encore frappé.

P.-S.

Photo © Martin Cathrae.

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