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Bonne année 2011 !

mercredi 12 janvier 2011, par castignolles
mise à jour : jeudi 13 janvier 2011

Il paraît que les Français sont « pessimistes », « moroses »… C’est parce qu’ils n’écoutent pas les actualités. Pourtant, il y a de quoi s’amuser, à condition de savoir lire entre les lignes. Entre les politiques — comiques professionnels — et les aléas de l’organisation des grandes structures, chaque jour amène sa dose d’incongruité.
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« Bonne année 2011 »
Dessin de Simon Castignolles, pour Charlie enchaîné

Manuel Valls remet en question les 35 heures de Martine Aubry ? Qu’à cela ne tienne, le Front National propose de s’enduire d’un discret « vernis social », selon la formule d’Éric Coquerel et de Jean-Luc Mélechon, 2012 pointant son nez à l’horizon. « Pour aller à gauche, c’est par où ? », nous demande désespérément Charlie Hebdo sur son site internet depuis 2009. Eh bien c’est simple. On pourrait paraphraser Jérôme Commandeur expliquant l’iPhone : « Tu appuies... Tu remontes... Tu prends à droite après le feu... ». La gauche, c’est juste à côté. Ou presque.

Vous hésitez entre l’ambiance de Rennes ou celle de Nantes pour passer le réveillon ? Faites confiance à la gare de Massy, ils vous aiguilleront ! De même, Chevalier et Laspalès sont des précurseurs en la matière. Vous désirez vous rendre de Paris à Toulouse ? Avec la SNCF, tout est possible : depuis 8 mois déjà, des trains-couchettes de jour sont disponibles, en tarif low-cost bien entendu. Avec Easyjet, tout est possible aussi : après avoir admiré les tuiles roses de Toulouse, le pilote vous proposera de faire un petit crochet par Montpellier — bah oui, Monsieur, sinon vous iriez tout droit en Espagne ! Ah, y’a des vedettes ! — pour voir la mer sur les cartes postales, avant de rentrer tranquillement en autocar pour ne rien rater des embouteillages pagaillesques de l’hiver. Sans parler de la destination rêvée sous les tropiques, Port-Bou, que les Strasbourgeois ont fini par atteindre au terme de 28 heures : « On aurait pu aller en Australie ! », a remarqué une courageuse passagère. Oui, vous seriez même arrivée avant. Et à 3 jours près, vous auriez pu aller sur la Lune.

Ces « pagailles » récurrentes seraient-elles une des conséquences de la logique mercantile actuelle, dans un monde gouverné par la recherche du profit maximal, du « travailler plus pour gagner plus », au détriment des temps de réflexion, des temps de repos, des temps de vie humaine ? Ce n’est pas parce que l’on est en 2011 qu’il ne faut pas se souhaiter « bon voyage », comme au Moyen Âge : ce ne sont pas les pilleurs, les écorcheurs, les rivières ou la peste qui sont à craindre, mais d’autres dangers, tout aussi naturels et humains, qui hypothèquent l’arrivée à bon port à la bonne heure.

Où nous emmènera 2011 ? Quelles aventures nous attendent ? Non, vraiment, c’est trop drôle. Pas besoin d’aller au spectacle pour se divertir, il suffit de lire le journal ou d’écouter la radio. Merci les politiques, merci les journalistes de nous relayer tout ça ! Merci pour cette comédie humaine balzacienne permanente ! Vous nous faites bien rire mais il serait temps de se ressaisir un peu, si on ne veut pas revivre 2002 en 2012 : debout les clowns ! Debout les damnés de la terre ! Et bon voyage en 2011 !

Simon Castignolles


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