Éducation nationale
dimanche 4 mai 2008, par Charlie enchaîné
Pour réduire les effectifs de la fonction publique [1], le gouvernement n’a pas le choix : il doit taper dans ceux de l’Éducation nationale. Ainsi, le ministère du Budget prévoit « 11 200 suppressions de postes à la prochaine rentrée », explique Jean-François Julliard [2] dans Le Canard enchaîné (« Des lycéens plus égaux que d’autres... », 16/04/08). Comment ? « Départs à la retraite non remplacés, diminution du nombre de postes aux concours, bac professionnel en trois ans », précise Marianne Dautrey dans Charlie Hebdo (« Manifs de lycéens — Pas de Voltaire pour les prolétaires », 16/04/08).
Charlie s’est rendu à la manifestation du 10 avril à Paris. Un professeur de Bobigny explique à la journaliste qu’« on avait grossi les effectifs d’enseignants » dans son lycée il y a cinq ans, ce qui avait « permis, dans certains cas, un dédoublement des classes et un suivi personnalisé des élèves ». Résultat : moins d’échec scolaire. Mais aussi, entre autres, 40% d’absentéisme en moins (mieux que les députés...), note Le Canard enchaîné. Malgré ces constats positifs, la logique comptable prend le dessus, et « on va à rebours de ce qui avait été fait pour [les] lycées en difficulté », explique le même enseignant.
En outre, la répartition des suppressions de postes laisse songeur. Ainsi, relève Jean-François Julliard dans Le Canard, les collèges et lycées « des six arrondissements les moins bourgeois » de Paris, situés à l’Est, perdent quatre fois plus de postes que les « huit arrondissements les plus aisés » [3], plutôt à l’Ouest de la capitale. Le ministre de l’Éducation Xavier Darcos a donc beau jeu d’assurer qu’« à la prochaine rentrée le taux d’encadrement profs-élèves sera égal à celui de l’année dernière ». Interrogée par Charlie, une lycéenne de Louis-le-Grand (5e arrondissement de Paris) confirme : « Chez nous, aucun poste n’a été supprimé ».
C’est pourquoi, le jour de la manif, elle regardait, sans participer, ses camarades de La Courneuve et d’Argenteuil défiler.
[1] On le sait, le gouvernement a pour objectif de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite cette année, même si, de l’aveu même d’André Santini, secrétaire d’État à la fonction publique, « il n’y a pas de fonctionnaires en trop »...
[2] Article signé J.-F. J.
[3] 60 contre 18 dans les collèges et 45 contre 11 dans les lycées.
0 | 5