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Délits de sale gueule

De la lâcheté

dimanche 18 mai 2008, par Charlie enchaîné

Une fois le souffle de l’indignation retombé, que reste-t-il ? Deux hommes à poil.

Le (« sale ») Noir

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« Un Français s’attaque au ministère de l’Immigration »
Article paru dans Le Canard enchaîné (30/04/08)

Le premier, c’est Pierre-Damien Kitenge, « un Français d’origine congolaise employé par une société de sécurité » dans un magasin Carrefour de la petite couronne parisienne. Celui-ci, révélait Le Canard enchaîné (30/04/08, article ci-contre), aurait été traité de « sale Noir » par le chargé de communication du ministère de l’Immigration (et du reste), Gautier Béranger.

Brigitte Rossigneux signale, toujours dans Le Canard (« “Sale Noir” et un peu seul... », 07/05/08), que le collaborateur de Brice Hortefeux (qui déclare : « Je ne connais pas ce monsieur ») « a plusieurs fois changé de version ». Dans un premier temps, contacté par l’hebdomadaire satirique, il affirme qu’« il ne s’est rien passé du tout ». Puis, plus tard, « il présente ses excuses au directeur du magasin, en invoquant des problèmes personnels », écrit la journaliste.

On n’ose imaginer que l’écho du Canard enchaîné ait pu paraître sans recoupement de sources. Dès lors, comment expliquer que « les témoins se sont évanouis dans la nature » ou que le caissier présent au moment de la scène « ne se souvient plus de rien » ? « Quant à la bande vidéo (...), elle est inexploitable puisqu’elle n’enregistre pas les sons », poursuit Brigitte Rossigneux.

Mais que pèse la parole de Pierre-Damien Kitenge face à celle de Gautier Béranger ? Un début de réponse : « De bonnes âmes ont fait comprendre [au vigile] qu’il serait plus malin de retirer sa plainte ». Carrefour est « un gros client » de la société qui l’emploie. Deux jours après la parution de l’article du Canard qui relate l’incident, « il a reçu (...) une mise en demeure pour “non présentation de rapport circonstancié” ».

« Le voilà plus proche de la porte que de l’augmentation », ajoute Le Canard enchaîné.

L’Arabe (ce « traître »)

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« La croix et la manière »
Article de Brigitte Rossigneux paru dans Le Canard enchaîné (02/04/08)

Le deuxième, c’est le sergent Benserhir, qui avait dénoncé trois de ses camarades « posant, main levée, derrière un drapeau à croix gammée » (épisodes précédents ci-contre et ci-dessous). Malgré l’agitation, en haut lieu, qui a suivi cette révélation, « à la caserne de Montauban, l’ambiance est nettement moins sauvage », explique la même Brigitte Rossigneux dans Le Canard (« Des nazillons très câlinés », 07/05/08).

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« La croix et la manière (suite) »
Article de Brigitte Rossigneux paru dans Le Canard enchaîné (09/04/08)

Le récit de la journaliste est édifiant. D’abord, on apprend que la photo est « présumée un peu ancienne » : les faits sont donc prescrits. Et même si les gendarmes, en perquisitionnant chez les « nostalgiques du IIIe Reich », ont trouvé « une panoplie du parfait petit nazi », inutile d’« encombrer les tribunaux » pour si peu, suggère Brigitte Rossigneux.

Ensuite, les « deux fachos » sont en principe « consignés » pour 40 jours, et donc ne sont pas autorisés à quitter la caserne. Trop « cruel » pour « le colonel Esparza, bienveillant père du [17e régiment de génie parachutiste] », qui leur a permis de rejoindre leur famille, « au vu et au su de tous », jusqu’à la fin de leur punition. Ils réintégreront ensuite leur régiment pour assurer leur contrat qui expire en... 2012.

Les gradés ne manquaient pourtant pas d’indices pour découvrir la passion de leurs ouailles. Par exemple, « l’un de ces héros est dispensé de piscine en ville à cause de ses tatouages à la gloire du Führer ». Ou encore, « la mère d’un soldat mort en opération a retrouvé un portrait de Hitler glissé sous la photo de son fils que lui avaient offert ses camarades », narre la journaliste du Canard enchaîné.

Moralité, celui « par qui le scandale est arrivé », Djamel Benserhir, voit, au mieux, « ses anciens camarades [tourner] la tête sur son passage » dans les rues de Montauban ; dans un autre registre, il lui a été « vivement conseillé de ne pas traîner dans les coins sombres ». Charmant. Toujours est-il que dans son ex-régiment circulait « un tract anonyme » qui « expliquait (...) que Hitler s’était trompé, que le problème, ce n’était pas les Juifs mais les Arabes ».

Tout s’explique.

Portfolio

« Sale temps pour le “sale Noir” (suite) »

P.-S.

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« Sale temps pour le “sale Noir” (suite) »
Article de Brigitte Rossigneux paru dans Le Canard enchaîné (14/05/08)

Ci-contre, le dernier article en date du Canard enchaîné (14/05/08) à propos le l’affaire Kitenge/Béranger. Les choses ne s’arrangent pas pour le « sale Noir »...


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