Charlie enchaîné

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« Je suis Français d’origine algérienne et je vais voter pour le Front national »

L’identité en débat sur Charlie enchaîné

mercredi 10 mars 2010, par Chantal Sayegh-Dursus, Charlie enchaîné, Hadi Taibi, Sarkophage, silette

En novembre dernier, au lancement du débat sur l’identité nationale voulu par Éric Besson, alors soutenu par Nicolas Sarkozy, Charlie enchaîné recevait un courriel d’un lecteur, Brahim, se déclarant Français d’origine algérienne et affirmant qu’il voterait pour le Front national aux prochaines élections. Nous avons alors demandé aux contributeurs du site de répondre à Brahim. Quatre d’entre eux — Hadi Taibi, Sarkophage, silette et Chantal Sayegh-Dursus — ont répondu à l’appel de Charlie enchaîné. Nous les remercions vivement de leurs contributions respectives.

(Le dessin d’illustration, signé Large, est tiré du blog Identité nationale, le grand débat à la con et reproduit avec l’aimable autorisation de son auteur. D’autres dessins de ce dossier sont empruntés au même site.)

La contribution de Chantal Sayegh-Dursus.

L’identité nationale, une valeur en péril

L’équation ou la formule de l’identité nationale sont-elles définitivement perdues ?

On pourrait croire que la France souffrirait d’un problème identitaire et que seule une thérapie de choc pourrait y mettre un terme. Et pourtant…

Quand Lillian Thuram marqua deux buts lors de la coupe du monde en 1998, toute la France, toutes les France sont descendues dans la rue et se sont embrassées fraternellement. Car la France qui gagne s’embrassera toujours, au-delà de ses races ou de ses origines. La France qui perd, par contre, pointera toujours du doigt la (les) différence(s) de ceux qui lui disputeront des emplois ou des logements qui se raréfient chaque jour davantage.

Les raisons de ces ires sont nombreuses. Car l’identité nationale a été remplacée peu à peu par l’identité de l’argent ; par le “flouze roi” en quelque sorte. L’argent identitaire d’une minorité a supplanté l’identité nationale devant se reconnaître dans la protection des intérêts de tous.

Haine et méfiance. Racisme et intolérance. Le lisier qui donna naissance à l’Allemagne nazie se développe de plus en plus, dans un discours politique de plus en plus populiste. Diviser pour régner, distraire pour soustraire, délayer pour escamoter, effrayer pour voler, sont devenus la règle de notre France de 2010.

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« Le symbole de l’identité nationale »
Dessin de Jiho

Pourtant notre identité nationale existe. Elle ressurgit parfois contre toute attente et au moment où on s’y attend le moins. Lorsque, par exemple, Dominique de Villepin s’exprima contre l’attaque de l’Irak le 14 février 2003 par les forces de l’Otan, au Conseil de sécurité des Nations unies à New-York. Tous les Français se sentirent alors fiers de l’être, sans distinction de race, de religion, ou de coutume. Tous les opprimés, les sans-grades, les sans-voix, les minoritaires, les laissés-pour-compte du monde entier ne doutèrent plus une seconde de la justice, de l’équité et de la clairvoyance d’une nation capable d’exprimer ce qu’ils ressentaient tous. La France osait s’opposer aux États-Unis tout-puissants. Et, quelle que soit la personnalité controversée de Saddam Hussein, toute la francophonie s’enorgueillit alors d’être l’ami d’un tel peuple et de savoir s’exprimer dans une telle langue. Aucune de ses anciennes colonies ne douta plus une seconde de sa capacité à les défendre contre toute iniquité future. Toute l’Amérique Latine (excepté un pays), où elle ne colonisa pourtant que quelques miettes d’îles et un petit lopin de terre, était de son côté. La France aurait pu lever, ce jour-là, une armée dans 98% des pays les plus peuplés du globe. Et, signe évident de cette estime sans borne, les Alliances françaises, ponts avancés de la culture française, disséminées partout dans le monde, connurent une ruée sans précédent de non francophones qui voulurent tous pouvoir, un jour, s’exprimer avec de tels mots, dans une telle langue, comme l’avait fait Dominique de Villepin aux Nations unies. Et tous les Français ne doutèrent pas une seconde de faire parti d’une nation, une, indivisible et clairvoyante, où les mots Liberté, Égalité et Fraternité avaient tout leur sens ; ils ne doutèrent point de leur identité nationale, ni de leur capacité à affirmer leur point de vue à la face du monde. La France fut perçue, après ce discours, comme une nation développée, éclairée et soutenue par tous les peuples. Quelles que soient les faiblesses, les manques, les limites ou les défauts de Dominique de Villepin, il eut le mérite, à cet instant, d’endosser l’image d’une identité nationale où tous se reconnaissaient.

Que voyons-nous, par contre, dans la France d’aujourd’hui ?

- L’Éducation nationale, par manque de moyens est déconsidérée. Elle réunit le plus grand nombre de dépressifs du monde du travail, bien que ce soient souvent des pathologies larvées. Donc ses enseignants font valoir leur droit à la retraite de plus en plus tôt. Mais, dans la plupart des cas, ils changent d’orientation ou encore se mettent en congé maladie longue durée ou en disponibilité.
- La Police, prise en étau, avec des effectifs de plus en plus restreints, cumule un nombre de suicides non négligeable. Le zèle des contraventions, par exemple, lui donne une image encore plus négative, quand elle vide, sur ordre, des porte-monnaies déjà exsangues. Alors, elle se fait souvent caillasser voire abattre comme du gibier, par ceux-là même qu’elle était censée protéger et défendre.
- (…)

Redonner de l’espoir aux Français serait une première étape évidente pour leur redonner une image positive… de leur identité nationale.

Chantal Sayegh-Dursus

P.-S.

Nous rappelons que tous les propos tenus ici n’engagent que leurs auteurs.

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