Kadhafi, cet ami qui nous veut libyen

Dans une mare intitulée « Rafale de caprices pour Kadhafi », Le Canard enchaîné (28/11/2007) écrit : « Lorsque le Guide suprême de la révolution libyenne voyage, il déplace de l’air. » Le Canard relate que Kadhafi sera « accompagné d’une suite de 400 personnes qu’il va falloir loger ». Ce dernier dormira dans le jardin de l’hôtel Marigny, sous sa tente personnelle. On aurait pu lui suggérer la rue de la Banque pour faire quelque économie, mais on ne laisse pas « l’ami de la France des droits de l’homme et des infirmières bulgares » dehors ( !) surtout quand celui-ci compte « fleurir la tombe de De Gaulle » et émet le souhait étonnant de « visiter une usine Renault ».

Charlie Hebdo (28/11/2007) consacre un article (« Sarkozy : colonel, me voilà ! », par Sylvie Coma) à la relation France-Libye. Sylvie Coma rappelle que « l’Assemblée nationale poursuit son enquête sur les conditions de libération (...) des infirmières bulgares », et fait à nouveau remarquer la curieuse coïncidence des « négociations, accords, contrats finalisés à Tripoli par Nicolas Sarkozy le lendemain même du dénouement de l’affaire ». Rappelant d’abord « le fameux réacteur nucléaire pour déssaler l’eau de mer », la journaliste de Charlie s’attarde ensuite sur « la chose militaire ». Elle relève que « Sarkozy a eu une attention touchante » en réservant son premier accord de défense à Kadhafi, mais surtout « la France peut s’enorgueillir d’avoir été le premier pays à ratifier un accord de coopération militaire avec la Libye, depuis la levée de l’embargo international sur les armes, en 2004. »

Charlie Hebdo livre quelques détails de cette « coopération stratégique » : « possibilité d’effectuer des manœuvres militaires conjointes ; entraînement des unités et des forces spéciales ; entraînement au commandement et au contrôle »... En outre, « l’accord, entré en vigueur le 25 septembre, prévoit de permettre à la Libye (...) d’acheter des armes à la France ». En particulier, écrit Le Canard enchaîné, en ce qui concerne le Rafale, « les négociations sont bien engagées pour fourguer [Sylvie Coma utilise ce même terme] notre bel avion au colonel ». En effet, Le Canard rapporte que « des militaires libyens sont déjà venus s’entraîner » à leur pilotage. L’hebdomadaire satirique note avec sarcasme que, grâce au « prestige international » dont jouit Kadhafi, « nul doute que de nombreux pays vont se ruer sur le Rafale. »

Dans Charlie Hebdo, Sylvie Coma écrit qu’EADS, pour sa part, « a obtenu un contrat de 168 millions d’euros pour la vente de missiles antiaériens Milan et de 128 millions pour son système de communication Tetra ». Mais la journaliste se demande « quelles divisions blindées Kadhafi va bien pouvoir allumer avec ses missiles et ses [douze chasseurs bombardiers Mirage F1 retapés par Dassault] ». Elle rappelle que, lors d’une récente réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la paix et le sécurité en Afrique, « le nouvel ami de la France [avait dénoncé] avec fougue la présence des bases militaires françaises sur le continent ». « Vieux réflexe de jeunesse », ajoute-t-elle. Quoique. La journaliste de Charlie explique par ailleurs que « c’est précisément grâce au matériel de guerre, livré à tours de bras dans les années 1970, que le colonel a combattu les troupes françaises stationnées au Tchad dans les années 1980. »

Aucun rapport avec les menaces très récentes proférées par les forces de la rébellion tchadienne. Pour l’instant...