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L’Oréal : Parce que Sarkozy le vaut bien !

mardi 7 décembre 2010, par Hadi Taibi

« L’argent n’a pas d’odeur », c’est la preuve que Vespasien n’a pas connu Madame Bettencourt ou du moins les relents de son argent. Car cet argent a la particularité de propager diverses exhalaisons inventées dans l’absolu secret de fabrication des laboratoires poinçonnés L’Oréal.

Photo : DR

L’argent de Madame Liliane Bettencourt ne se contente pas de diffuser uniquement des odeurs. La variété des produits de chez L’Oréal produisent à leur tour des goûts, des couleurs, des formes et de scandaleuses conséquences qu’ils donneront par la suite à l’argent des ventes. C’est un fric qui verse dans le barouf, qui sent l’esclandre, qui a le goût de l’avilissement, la couleur de l’indignation et a la forme perverse. Tout cela fait que les débauchés de la République pensent naïvement qu’il suffit de se mettre avec la richissime dame d’affaires pour voir réglés, d’un seul trait et comme par magie, tous leurs problèmes passés et actuels. Pour ceux à venir, on les croisera plus tard dans la rubrique des faits divers.

Quand ils ont des idées, les têtes adipeuses pensent que cela leur confère le droit souverain de jouer aux grosses têtes. Sarkozy, qui nourrit toujours de folles ambitions pour la France, désire fortement en faire son usufruit exclusif. Et pour ce faire, il fallait qu’il concentre beaucoup de pouvoirs à son niveau, sous-entendu : amasser beaucoup d’argent pour lui-même, sachant que le pouvoir c’est l’argent et rien d’autre que de l’argent. Car, à en croire sur parole Philippe Bouvard (une grosse tête qui s’assume), l’ambition ne serait autre chose qu’un « nom noble donné aux besoins d’argent ».

De prestigieuses portes parisiennes, plus ou moins surannées mais toujours d’actualité, sont connues pour faire partie des carnets d’adresses des dignitaires du milieu de la politique en particulier. Il s’agit de la porte de Madame Soleil que connaissent parfaitement bien les blackboulés des cérémonies préélectorales, et de la porte de Madame Claude où viennent se réconforter les renvoyés des veillées postélectorales. Aux Bohémiens, on a pris le soin d’aménager la porte de Vincennes qui a connu, jadis, la tragique disparition de Valmont dans le roman-fiction Les liaisons dangereuses de Pierre Ambroise, et qui servira aux gouvernants qui attisent l’hypocauste de la capitale de chemin par lequel ils feront fuir par cette vaste porte de l’est parisien les mauvais étrangers venus des pays de l’est européen.

Deux autres adresses paraissent non moins intéressantes : ou l’on s’estime trop belle et c’est vers la porte de Madame de Fontenay qu’on se dirigera, ou alors on est trop stupide et c’est à la porte de Madame Bettencourt qu’on ira frapper.

Devant la limite des choix qui lui sont offerts, Sarkozy agit avec célérité, et bien entendu avec toute la brutalité qui lui est coutumière : de chez Geneviève il chaparde la belle Carla au moment même où Madame Soleil lui prédisait un bel avenir, pendant ce temps, de l’autre rive de la Seine, Madame Claude le considérait comme impuissamment armé et insuffisamment friqué pour prétendre fréquenter son monde sulfureux.

Sachant que ses propres nerfs ne lui seraient d’aucune serviabilité pour entamer la bataille des présidentielles, le futur président acquiesce à sous-traiter l’activité qui consiste en le collectage de l’argent, véritable nerf de la guerre, ce qui lui permettra de mener valablement et aisément campagne.

C’est ainsi qu’il choisit parmi ceux avec qui il a des atomes crochus pour lui confier la tâche d’aller faire la cour à Madame Bettencourt. Woerth s’avère être le plus stupide de tous. Il se porte volontaire pour jouer au quêteur en quête d’argent frais pour son ami Nicolas et par ricochet d’un avenir flamboyant pour sa petite personne et au-delà pour sa petite famille. C’est ainsi qu’un honnête haut fonctionnaire de l’État verse sans vergogne dans le prohibitionnisme.

La suite lui donnera toutefois raison. Il hérite du poste de grand argentier de la République. Là où justement est censé retentir le tohu-bohu des manigances ignominieuses, des manœuvres honteuses et des pratiques corrompues qui ont marqué la campagne électorale et de toutes ses abjections collatérales si ce n’était les caisses de résonance élyséennes et tout le carillon de son nouveau locataire et les hurlements de sa meute de conseillers qui ont interféré et qui interfèrent encore dans la manifestation de la vérité.

Voilà comment le nom de L’Oréal s’est intimement lié au scandale. Le mérite, tout le mérite, revient au Maître Sarkozy qui, après avoir fait connaître à la France l’existence de Clearsteam, lui fait découvrir le paradis seychellois de l’ile d’Arros, et toute l’odeur de foutage de gueule qui fait oublier au commun des mortels qu’une autre Betancourt a vécu, sous un terrifiant silence, six années durant dans l’enfer de la jungle colombienne.


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