Charlie enchaîné

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Décryptage

L’art de minimiser de « L’Express »

vendredi 21 septembre 2007, par Charlie enchaîné
mise à jour : lundi 24 novembre 2008

Fallait-il vraiment que « L’Express » relaye l’information du « Canard enchaîné » selon laquelle une enquête a été ouverte sur les conditions d’achat de l’appartement du couple Sarkozy dans l’île de la Jatte ? Oui, car il faut bien quelqu’un pour prendre la défense du président et de son épouse.

Habituellement, lorsqu’un news magazine emploie le surtitre « Immobilier », c’est plutôt pour des articles du genre « Faut-il acheter maintenant ? ». Mais, à « L’Express », on a semble-t-il décidé de bousculer les habitudes : l’immobilier, c’est désormais l’ex-appartement de Neuilly des Sarkozy.

Rien à craindre !

Gilles Gaetner écrit en prélude de son article sur le site internet de l’hebdomadaire (voir le lien « Appartement de Sarkozy : la justice enquête ») : « La justice s’intéresse aux conditions d’achat de l’appartement du couple Sarkozy dans l’île de la Jatte à Neuilly-sur-Seine. Mais le président de la République n’a pas grand chose à craindre. » Et le journaliste de « L’Express » s’applique à le démontrer.

Après une description (sommaire) des faits, on nous rappelle que suite aux articles du « Canard » en mars dernier (en réalité le premier date du 28 février), « l’actuel chef de l’ Etat (...) avait formellement démenti toute faveur qui lui aurait été accordée ». Il suffirait donc simplement au président de la république de « démentir » pour être au-dessus de tout soupçon. Or l’informé Gilles Gaetner omet de préciser que « Le Canard » avait produit dans ses colonnes, après la réponse de Nicolas Sarkozy, des documents troublants qui, eux, n’ont jamais été contestés officiellement.

Même pas peur !

Que le lecteur averti de « L’Express » se rassure : « De toute manière, en vertu de la Constitution et de son statut de chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy ne pourra ni être entendu par la police, ni le cas échéant être poursuivi. » Ouf, c’est qu’on aurait presque eu peur. En revanche, le journaliste s’inquiète pour « Cécilia » (elle n’a qu’un prénom...), car « même Première dame de France, elle demeure sans protection juridique particulière » (aïe !). Mais la conclusion de l’article, qui vient dans la foulée, se veut apaisante (à déguster lentement) :

« Quoique : le président de la République, dans l’affaire des infirmières bulgares, a fait savoir que Cécilia ne témoignerait pas devant la commission d’enquête parlementaire qui devrait être constituée en octobre à l’initiative des députés socialistes. »

C’est une décision du président : « Cécilia » ne parlera pas. Ni aux députés élus au suffrage universel direct, ni (sous-entendu), « le cas échéant », aux juges ou aux policiers. Ce qui, soit dit en passant, est une énormité. L’affaire de la libération des infirmières bulgares n’a rien à voir avec l’affaire du duplex de l’île de la Jatte, et l’épouse du chef de l’État ne pourrait pas—en principe—se soustraire à la justice, même si c’était la volonté farouche de son mari.

En attendant, « L’Express » a su brillamment détourner l’attention de ses lecteurs sur « Cécilia », et n’a surtout pas parlé du fait que le procureur en charge du dossier, Philippe Courroye, est un proche (il ne s’en cache pas) de Nicolas Sarkozy. C’était pourtant écrit dans « Le Canard enchaîné »...

Voir en ligne : Appartement de Sarkozy : la justice enquête


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