vendredi 1er février 2008, par Charlie enchaîné
Les manuels d’économie utilisés par les enseignants du secondaire font l’objet de vives critiques, rapporte Jean-François Julliard dans Le Canard enchaîné (« Des manuels scolaires très subversifs », 23/01/08). « Ils distillent une critique de l’entreprise qui irait de l’insidieux au militant », se plaignent les pourfendeurs, « issus de la majorité ou du Medef ». L’hebdomadaire satirique « s’est offert une petite (et peu hilarante) plongée » dans l’univers des livres d’économie destinés aux lycéens, raconte le journaliste. Bilan : certes « bien des imperfections », mais néanmoins « pas de professions de foi gauchistes ! »
Pourtant, le Medef les estime « responsables de la mauvaise image de l’entreprise chez les jeunes ». Jean-François Julliard ironise : « l’important chômage des 19-25 ans et le taux de CDD et de contrats précaires qu’on leur propose » n’ont — « bien sûr » — aucun rapport avec cette « mauvaise image »... De son côté, le ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, a nommé une commission chargée de réfléchir à une « éventuelle révision » des livres incriminés. Le but de la manœuvre est de « refroidir » la polémique, selon le terme employé par Roger Guesnerie, son président.
Effet collatéral, l’enseignement de l’économie au lycée est stigmatisé. C’est Oncle Bernard, dans Charlie Hebdo, qui prend la défense des enseignants (« Supprimer l’enseignement actuel de l’économie dans les lycées ? Jamais ! », 23/01/08) : « les profs du secondaires font un travail formidable et concret. (...) Ils ont une approche plutôt pluridisciplinaire, macroéconomique et statistique. Ils mêlent histoire, socio, géographie. Ils se crèvent la patate pour des gosses qui n’ont en tête que la thune. »
L’économiste en chef de Charlie explique que le ministre voudrait instituer « l’enseignement de la microéconomie », celle du « Marché avec un grand M », qui produit « les analphabètes qui titrisent les créances, notent ce qui n’est pas notable, conseillent les sourds, guident les aveugles dans un labyrinthe de produits financiers qu’ils fabriquent au fur et à mesure de leur propre perdition, démarchent le populo pour lui refiler des crédits qu’il ne remboursera jamais, bref, foutent l’économie en l’air », résume Oncle Bernard.
Heureusement, Attali va nous sauver...
L’article du Canard enchaîné signale par ailleurs :
Pour appuyer son initiative, Darcos a opportunément rappelé un propos tenu, il y a trois mois, par Michel Rocard. Lequel avait qualifié de « catastrophe ambulante » l’enseignement de l’économie. Ce qui expliquait, en partie, « le blocage du dialogue social dans notre pays. »Précision, Rocky avait d’abord indiqué : « Ma vérité à moi, c’est que je n’y connais rien. » En tout cas, depuis... 1967, lorsqu’il avait travaillé sur le sujet au sein d’une commission.
Ce n’est pas la première fois qu’une sentence prononcée par Michel Rocard se voit récupérée et manipulée par ses adversaires politiques : Rocard est l’auteur du fameux « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part », dont la deuxième partie est systématiquement oubliée afin de justifier des politiques telles que la mise en place de quotas pour les nouveaux arrivants, par exemple...
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