Charlie enchaîné

Une revue de presse de Charlie Hebdo et du Canard enchaîné.
Et un peu plus.

Accueil du site > Coin des rédacteurs > Chroniques > L’oiseau rare “Raibus e ads vitam”

L’oiseau rare “Raibus e ads vitam”

Ça plane pour nous !

jeudi 10 janvier 2008, par librerumeur
mise à jour : vendredi 18 janvier 2008

Ce scénario, déjà bien rodé, va à nouveau être joué devant vous et aboutir à la disparition préméditée d’un des derniers fleuron de notre belle industrie.

Dans un premier temps, ils prévoient la sortie d’un nouveau super coucou (le vieux jouet a vécu, il ne rapporte plus rien) : le grand oiseau rare A... grand renfort de sauce politico-médiatique. Pour galvaniser les foules, ils organisent le matraquage ; il sera — il est — le plus beau, le plus grand, le phénix. En un mot celui qui va nous sortir de la crise et relancer la croissance.

Afin de mener à bien un tel projet, il est indispensable d’attirer les gogos épargnants au grand cœur, et de justifier pour pomper les subventions convoitées (qu’au passage on aura pris soin de doubler car le projet est à la hauteur de la grandeur de la France).

Dans la scène 2, faire croire que tout va bien, c’est en bonne voie, en profiter pour régler les grands commis pour leurs services et les remercier de leur excellent travail quant à la préparation du grand siphonnage...

Troisièmement, avant que le soufflé ne retombe — chut ! —, réaliser et transférer la totalité des avoirs, et au passage ceux des autres — ceux qui volent d’en bas, tellement bas qu’ils ne sont pas initiés —, par l’intermédiaire de la bouse. On aura moins de risques de se faire repérer (d’autant que c’est autorisé), surtout qu’on a trouvé un acheteur — oh !, une vague officine officielle — un peu benêt et sans grande connaissance des affaires, prêt à payer le prix d’en haut.

Au quatrième acte, annoncer des difficultés, et que le grand oiseau rare est sortie de sa coquille (cette fois c’est sûr, elle est vide). Brandir la menace de licenciement, et faire appel à la mère providence pour panser les plaies et payer l’addition... du plan social. Tout le monde se demande qu’est-ce qui a bien pu mettre Raibus dans cet état ? Pauvres travailleurs, pauvres épargnants, pauvres illusions, pauvres de nous... Pauvre défenseurs des manards, engagés dans l’action, à leur côté et qui ont lutté tant et tant de mois... Ah ! non, ils n’étaient pas là ? Ah ! oui, c’est vrai, ils ont été placés en scène 2 ! Si... vous savez, avec leurs grands frères (les grands commi...ques), mais eux, réglés au départ pour leur non-intervention passive (moins bien payée, c’est vrai...).

Mais trêve de querelles dans la basse cour, il est temps de sortir de son aire — comme à l’accoutumée — le grand charognard. On devrait en changer, il a l’air... Buzzard — quoique pour un fossoyeur ! Et il a fait déjà tellement de crémerie...

Il va annoncer — allez, on y croit — le redémarrage de l’entreprise... Ahh ! oui, mais pas ici... Oooh !, pas chez nous... l’Euro est trop fort. Eux aussi ils sont trop forts. Ils ont trouvé un hébergeur, outre-atlantique, ce sera plus facile pour sous-traiter et délocaliser. Décidément, ils ne manquent pas d’air... Il faut donc continuer à faire le grand nettoyage d’une friche industrielle qui sied si mal à un grand pays en plein en vol économique.

La méthode est ancienne, j’en conviens, mais elle marche si bien ! Et ce sont les mêmes acteurs, avec le même style, quoique de plus en plus gourmands, dans une autre pièce, faisant fonctionner la nouvelle machine à laver, Clear de stream — mais si vous savez, avec le gulf du même nom —, un truc puissant. Ça va être du propre ; il paraît que les cols sont nickel blancs. C’est le paradis, quoi ! Fiscal, bien sûr. De Vil... manants vont manger du pin noir (tu as dénoncé tes petits camarades, tu seras peut-être puni !).

Heureusement, quand les mots vous manquent, si vous savez écouter, ils arrivent d’eux-mêmes... « Voyoucratie », inventé pour ceux qui volent d’en bas, mais tellement juste et à propos (voir la définition dans le dico) pour ceux qui volent d’en haut ; ces rapaces de haut vol à cou-blanc.

Je sais, ça laisse rêveur, mais excusez-moi de vous tirer de votre rêverie, j’ai retrouvé l’r manquant dans l’acte 3 ; toutefois je ne sais si je vous le rends... Le mot qui en est privé va si bien dans ce contexte.

P.-S.

Source de l’image qui illustre l’article : « L’aigle, un oiseau de proie ».

Commenter cet article





Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette