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La France boycotte la conférence mondiale sur le sida

dimanche 17 août 2008, par Charlie enchaîné
mise à jour : lundi 18 août 2008

On sait depuis fort longtemps que le ridicule ne tue pas. Le sida, en revanche, tue encore [1]. Le président de la République française a donc choisi d’assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Pékin, plutôt que d’« honorer de sa présence » la conférence mondiale sur le sida de Mexico, comme l’annonçait Le Canard enchaîné le 6 août dans un article signé J.-M. Th. (Jean-Michel Thénard) et intitulé « Sida, la vacance des politiques ». Une préférence que Charlie Hebdo (13/8) commente au travers d’une brève :

Inauguration. Sarkozy était absent à la 17e conférence mondiale contre le sida, à Mexico. Par contre, il était présent à la 26e conférence mondiale sur la drogue, l’EPO et les seringues, qui s’est ouverte vendredi dernier à Pékin.

Le journaliste de l’hebdomadaire satirique déplorait l’absence d’un « digne représentant » pour la France à Mexico. Ni Sarkozy, ni Fillon n’ont daigné faire le déplacement. Même la ministre de la Santé, qui a également la tutelle de la Jeunesse et des Sports, a préféré aller parader avec la délégation française à Pékin. La vie étant une question de priorités, c’est donc, nous apprenait Le Canard, « l’ambassadeur au Mexique » qui devait représenter la France à la conférence mondiale consacrée au sida.

Pour Patrick Pelloux, dans Charlie Hebdo (« Le sida imaginaire », 13/8), la pilule a du mal à passer, particulièrement le choix de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, pour qui « l’important, c’est d’aller à Pékin, aux Jeux olympiques ». Le médecin urgentiste explique que « toute la planète était là [à Mexico], ONU, OMS, gouvernants du monde, pour réaffirmer l’importance de la recherche et de l’accès aux médicaments (...). Tous sauf la France. »

Moins catégorique, Le Canard relevait que « la France, paraît-il, n’est pas la dernière à ne plus accorder la même priorité symbolique à la lutte contre le sida », ajoutant que « l’effort financier, pour l’heure, ne se relâche pas, sans doute est-ce l’essentiel ». J.-M. Thénard conclut son article par une piqûre de rappel : « Avis aux politiques, il ne faudrait pas que leur relâchement fasse capoter la lutte contre la maladie. »

Côté symboles, aller aux JO « permet [à Roselyne Bachelot] de faire de la communication facile et positive », écrit P. Pelloux. Va pour les JO. Et puis « de toute façon, (...) nous n’avons plus d’industrie pharmaceutique, la recherche est à terre et nos universités n’ont jamais été aussi mal classées » se lamente le chroniqueur de Charlie.

Alors, la France ? Médaille d’or du ridicule.

Notes

[1] En 2007, 2,1 millions de décès dus au sida dans le monde ; encore quelques centaines en France chaque année.


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