vendredi 6 avril 2007, par Charlie enchaîné
mise à jour : lundi 3 janvier 2011
13 minutes et 47 secondes, c’est précisément le temps d’attente moyen au guichet « dans les 236 points noirs recensés » par La Poste. Il faudrait donc logiquement augmenter le nombre de guichetiers pour diminuer cette durée que les usagers jugent trop longue. Mais « embaucher de nouveaux agents est malvenu au moment où le mot d’ordre est plutôt d’en virer le maximum... », ironise J.-L. Porquet. « En deux ans, trois mille postes ont été supprimés et deux mille autres vont l’être dans le courant de l’année », écrit quant à lui Charb.
Selon Le Parisien du 20 mars 2007, cité à la fois par Charlie et Le Canard, La Poste devrait installer 5 000 écrans plats (coût estimé : 20 millions d’euros) pour équiper 2 500 bureaux d’ici à septembre 2008. « Les télés sont destinées à réduire le sentiment d’attente et non pas l’attente », précise Charb, qui ajoute qu’elles « feront oublier à l’usager qu’il a une vie ». Jean-Luc Porquet confirme que son temps moyen d’attente ne diminuera pas mais qu’il attendra « youkaïdi, youkaïda, en se gavant de météo, de sport, de clips et de pubs... »
Le journaliste du Canard enchaîné propose d’appliquer le principe mis en place par l’entreprise publique aux problèmes du chômage, de la santé ou encore de l’analphabétisme, afin de réduire le « sentiment de chômage », celui « d’être malade » ou bien celui « d’être analphabète ». Le dessinateur de Charlie Hebdo, lui, se moque : en diffusant de la publicité, « La Poste a trouvé le moyen de rentabiliser son inefficacité. Vous faire perdre du temps sciemment lui rapportera de l’argent. » Il suggère même un nouveau slogan à ses dirigeants : Votre temps perdu ne l’est pas pour tout le monde.
« La Poste est toujours un service public, mais (...) elle n’est plus au service du public. » Charb estime que « c’est la première fois qu’une entreprise publique se saborde volontairement pour faire plus d’argent » et raille le capitalisme, « capable de se saborder » dans le but « d’engranger plus de bénéfices ». J.-L. Porquet rappelle pour sa part que le « sentiment d’insécurité » a baissé sous la férule de Sarkozy, dont il compare la campagne à celle de Berlusconi en 2001. L’ancien président du Conseil Italien avait « multiplié les promesses » mais surtout il s’était « installé à demeure sur les écrans télés », s’invitant « en permanence » dans les émissions et vantant « son action ».
Quand il sera élu, « Sarkozy (...) va faire exactement pareil. » « L’insécurité ne baissera pas plus que lorsqu’il était ministre de l’Intérieur ? Pas grave : il fera baisser le sentiment d’insécurité. Et le sentiment d’inégalité. Et le sentiment de pauvreté. Et tous les autres sentiments désagréables. Et la France ressemblera à un bureau de poste géant. » Où « on aimerait bien pouvoir acheter un putain de timbre pour envoyer une putain de carte postale à mémé », conclut Charb.
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