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La guêpe : véritable miroir pour les suceurs

lundi 26 avril 2010, par Hadi Taibi

Partrick Sébastien : « On dit tellement de conneries sur moi que je préfère les dire moi-même. » Aussitôt dit, aussitôt fait !

Photo © 1suisse

Patrick Sébastien, « le chanteur (dé)masqué », nous a présenté son mouvement qu’il définit politiquement comme étant apolitique ; mais alors pas du tout politique ! Par contre, il le conçoit opiniâtrement très sérieux dans le style et raisonnablement très posé par rapport à la teneur de son programme. Ceux qui ont cru que « Sébastien c’est fou ! », « étonnant et drôle », feraient mieux de revenir à ses « années bonheur » où, de « carnaval » en carnaval, il a fini par inciter son auditoire à « tourner les serviettes » en dérision. Plus sérieux tu meurs !

Il choisit pour le fait d’annonce le mythique théâtre du Gymnase où, un certain 30 octobre de l’année 1980, le célébrissime Coluche annonçait sa candidature aux présidentielles. Les comiques ont apparemment ce don de devenir encore plus comiques lorsqu’ils veulent donner l’air d’être sérieux.

Et comment s’appelle-t-il, le très apolitique mouvement de Patrick Sébastien ? Le Droit au respect et à la dignité. En abréviation, ça sonne Dard ! Un acronyme qui ne s’improvise pas… Seul bémol, le tragi-politique Patrick ne nous révèle pas si son Dard est connecté ou pas à une glande venimeuse. Et comme en politique « on ne nous dit pas tout ! », pour paraphraser Anne Roumanoff, du coup, le Dard rejoint les faiseurs de politique comique et à Patrick de quitter le monde des comiques qui les parodient.

Les partisans du Dard tels que souhaité par le concepteur du Dard lui-même ne seront ni de gauche, ni de droite (d’ailleurs le fait qu’ils le soient ne dérangerait personne), ils peuvent être indistinctement, en gros comme en détail, du haut comme du bas, riches ou pauvres, classe ou déclassés, et de toutes les couches socio-ethniques et apparentés. Les déçus de tout bord seront les bienvenus ; ils devront normalement constituer la matière première que transformera en un produit électoral aphrodisiaque ce mouvement en gestation dans les scènes théâtrales.

Les recruteurs de chez Sébastien ratisseront large pour fédérer celles et ceux qui n’ont pas répondu présents à l’appel de Coluche il y a tout juste trente ans. C’est ainsi que Patrick le gladiateur sort son Dard pour que les politiques cessent de baiser le peuple… Il appelle « les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, ainsi que tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à venir rejoindre son mouvement ».

Il ne s’agit plus d’animer « le plus grand cabaret du monde », mais d’être le proxénète du plus vaste bordel à ciel ouvert de France. Un Dard en érection ça doit faire souffrir autant qu’une pénétration politique non consentie. En mal d’inspiration franchement politique, le Dard peut érictrocuter à la méthode Besson ceux qui penseront qu’une société puisse avancer en force, telle une équipe de rugby.

Comme en amour : un MoDem de perdu, un Dard de créé. Qu’en aurait-il été s’il y avait eu dix Dard de retrouvés ? Ce serait carrément « faites l’amour, ne faites pas la guerre ! » qui n’aurait plus lieu de citer…


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