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Progrès social

La lutte des conforts

mardi 4 décembre 2007, par Jeddo

Ne dites plus « lutte des classes », mais « lutte des conforts ». Les trains à grande vitesse reliant la France au nord de l’Europe (Belgique, Pays-Bas et ouest de l’Allemagne) sont désormais équipés de wagons « comfort 1 » et « comfort 2 » [1]. Une manière pudique de montrer que ces trains Thalys, qui ne sont autres que des rames du TGV plus ou moins classiques [2] repeintes en rouge et gris, délaissent les usitées première et seconde « classes » au profit de wagons « conforts ».

La différence ? Fondamentalement aucune, si ce n’est l’attention particulière que les dirigeants des compagnies ferroviaires européennes et les concepteurs au sens commercial aiguisé de la société Thalys ont porté à la sémantique. L’appellation « classe », qui rappelle le concept marxiste d’un autre âge de « lutte des classe », fait dorénavant partie du millénaire précédent.

De fait, il n’y a pas si longtemps que cela (un demi-siècle, autant dire une éternité !), les trains européens étaient encore composés de trois classes, dont la population de voyageurs reflétait la réalité des classes sociales : on ne mélangeait pas les torchons avec les serviettes. Aujourd’hui, cette ségrégation n’a plus lieu d’être. On utilise maintenant le terme « confort » pour tenter de séduire, non plus des usagers, mais des clients, aisés ou... très aisés, étant donné les tarifs souvent prohibitifs des places sur les trajets à très grande vitesse.

Les récentes grèves des personnels de la SNCF, qui veulent notamment que la pénibilité du travail soit prise en compte dans le calcul de la durée de cotisation pour les retraites, sont-elles une illustration de ce nouveau concept de « lutte des conforts » ou s’agit-il encore d’un combat d’arrière-garde dérivant de la « lutte des classes » ?

Notes

[1] À moins que cette dénomination soit en vigueur depuis une dizaine d’années tout au plus, ce qui n’altère pas outre mesure le propos qui suit.

[2] Wikipédia précise que « les rames sont dérivées du TGV, conçues pour s’adapter aux caractéristiques électriques différentes du réseau dans les pays traversés (Allemagne, Belgique, France et Pays-Bas) ainsi qu’aux divers systèmes de signalisation rencontrés. »


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