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La polyandrie qui se moque de la polygamie

mercredi 5 mai 2010, par Hadi Taibi

La France a peur ! Point besoin de résurrection de Roger Gicquel pour l’exclamer. Brice Hortefeux vient de trouver le musulman alibi qui suscite la peur du ridicule. J’imagine la mine qu’affichent les Zemmour, Le Pen, BHL, Besson et leurs semblables et toute la jubilation qui est la leur. La trouvaille mérite en effet les éloges de la République et de ses relais médiatico-judiciaires qui maîtrisent à la perfection l’art de faire d’une vaguelette un véritable tsunami. Qu’à cela ne tienne !

Il ne s’agit pas non plus d’avoir peur du retour en cavale de Mesrine, l’homme aux cents visages, abattu au volant de sa voiture après une traque policière sans précédant. La nouvelle version de la peur concerne une femme sans visage, verbalisée au volant de sa voiture pour une supposée infraction au Code de la route, dans une machination policière au précédant grave. La particularité dans cette « affaire d’État » est que la mise-en-cause cumule toutes les circonstances aggravantes : elle est l’épouse, au un quart du plein matrimonial mis en place par un mari, lui-même Arabe, musulman, islamiste, intégriste, radical, fondamentaliste, polygame et fraudeur de son état.

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« Dans les rues de Nantes »
Dessin de Pétillon (Le Canard enchaîné, 28/04/10)

Lequel époux, qui est par ailleurs charmeur, chien et d’origine Algérien vit dans une espèce de communauté hippie qu’il s’est fabriquée de toute pièce pour faire bénéficier chacune de ses femmes des allocations de parent isolé. « La monogamie m’ennuyait follement ». Il n’a pas cependant été suffisamment intelligent pour s’offrir les services parcimonieux « d’une amadoueuse, une chatte, une Italienne ». Son erreur stratégique était là.

Quant à l’épouse malheureuse mais consentante, elle ne voit « rien de méchant » là où avant elle, Justine Lévy, héroïne, malgré elle, d’une histoire rocambolesque, n’a vu Rien de grave dans son roman où les tribulations le disputaient à la fiction (Stock, 2004). À peine croyable. Mais les faits sont là : « Quand un homme me plaît, cela accroît évidemment ma curiosité », voilà une parole de l’experte qui a fini par s’offrir le lit qui attise plus les convoitises que de la simple curiosité. Mais pour s’inscrire dans cette logique et surtout la comprendre, il faut être « monogame de temps en temps et préférer la polygamie et la polyandrie » le restant de son temps libre.

Mieux vaut en effet vivre ses passions dans le vagabondage des galantes compagnies que de se voir sombrer dans la démence de la monotonie conjugale. Avis aux adeptes de la luxure à bon marché !

Le courrier adressé par Hortefeux à son acolyte Besson trouve son écho au sommet de l’État. Au sens de l’interprétation de la loi faite par les deux ministres, la première dame de France serait passible de l’application des dispositions de l’article 25 du Code civil qui précise les conditions requises pour déchoir un citoyen de sa nationalité. Le « boucher » de Nantes, polygame convaincu, n’en a fait ni mieux, ni pire que ce dont se revendique Madame Carla Bruni-Sarkozy.

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Sous la burqa…
Dessin de Cabu (Charlie Hebdo, 28/04/10)

Quant à l’interdiction future du port du voile intégral, sous-jacente à tout ce battage médiatique fait autour d’une banale affaire, la question serait de savoir si la conduite d’un véhicule particulier requière ou pas une tenue spécifique pour les femmes. Auquel cas, après l’Iran des mollahs, l’Arabie Saoudite des Wahhabites, la Belgique des humoristiques, la France deviendrait le quatrième pays à dicter aux femmes, par la force de la loi, la façon dont elles devraient s’habiller.

La tentative d’exploiter un cas isolé de contestation du bien-fondé d’une amende forfaitaire pour en faire, d’une courante procédure policière, une sombre affaire « immigrationnelle », en soumettant son traitement au département de monsieur Besson, est révélateur du désarroi dans lequel se trouvent la République des coquetteries affolantes.

P.-S.

Les citations en italique sont de madame Carla Bruni-Sarkozy.

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