dimanche 17 février 2008, par Jeddo
45 millions. C’est le nombre de Français qui possèdent un Livret A. Les épargnants se partagent 116,6 milliards d’euros, soit en moyenne plus de 2 500 euros par tête de pipe. Sauf que la réalité cache de cruelles inégalités : on estime à 12 millions (un poil plus d’un quart) le nombre de clients ayant moins de 150 euros sur leur livret. Et pour une bonne partie de ceux-là, il est fréquent de se pointer au bureau de poste pour effectuer des petits retraits [1]. Par exemple à Bobigny, où un guichetier explique que « beaucoup prennent 5 ou 6 euros ».
Ce temps-là, héritage d’un XIXe siècle qui permettait aux plus pauvres, via la Banque de France, de disposer d’un compte d’épargne, est en passe d’être révolu. Bientôt, au XXIe siècle, où la pauvreté — on le sait tous — a été éradiquée, il ne sera plus possible de faire un retrait de moins de 10 euros sur son Livret A. Eh oui !, tout cela a un coût (combien, au fait ?), et on pénalise la banque et tous ses clients avec une minuscule et égoïste opération financière qui n’engage que « 5 ou 6 euros »...
Mais pourquoi se limiter à 10 euros, alors ? Interdisons directement tout retrait inférieur à 150 euros, comme ça les 12 millions de TPE (tout petit épargnant) se feraient une idée de la « vraie valeur » de l’argent qu’ils n’ont pas sur leur Livret A et les pauvres ne dépenseraient plus leurs allocations et leur RMI n’importe comment !
[1] Le Livret A sert de compte courant à environ 400 000 personnes, soit 1% des titulaires. Malgré la relative faiblesse de ce pourcentage (comme se plaît à le souligner Michel Camdessus), rappelons que Toulouse, quatrième ville de France en terme de population, c’est autour de 400 000 habitants.