jeudi 24 juin 2010, par Charlie enchaîné
L’article, non signé, se trouve en page une du Canard enchaîné (23/6). « Haut les chœurs ! » clame l’hebdomadaire satirique. Haut-le-cœur, d’abord : « Beurk ! Franchement, vous ne trouvez pas ça dégoûtant, ces histoires sordides de ministres ou de proches du pouvoir qui vivent sur la bête ? », interroge le journal. Entre ça, l’Équipe de France de football et la météo, il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir, ajoute-t-il en substance.
« Plusieurs commentateurs ont dénoncé le populisme de ce palmipède qui poursuit les élus et les élites jusqu’à les discréditer et les confondre dans un commun opprobre : tous pourris ! », écrit plus loin Le Canard. « Ah oui, vraiment, joli travail qui fait le lit de l’abstention, du scepticisme et du Front national réunis. » Ce sont, à peu de choses près, les termes employés par Claude-Marie Vadrot, que l’hebdomadaire a la pudeur de transformer en « commentateur » — le journaliste a collaboré un temps au Canard enchaîné.
Le journal satirique explique ensuite pourquoi toutes ces affaires sortent aujourd’hui.
« Des citoyens, hauts fonctionnaires, membres de cabinets ministériels, élus, observent avec stupéfaction la comédie des mœurs politiques et des petits arrangements avec la morale publique. Les mêmes écoutent à longueur d’année les déclarations ronflantes sur l’État modeste, la République irréprochable, la rigueur budgétaire. Et puis, soudain, arrive en plus l’austérité. Il faut se serrer la ceinture, chacun doit faire un effort, ça va être dur mais juste : haut les cœurs !Et là, soudain, c’est juste un poil trop. Ces observateurs, d’ordinaire muets, sortent de leur réserve. Les mauvais penchants du Canard font le reste. Voilà toute l’histoire. »
Et l’hebdomadaire satirique de conclure, ironique : « Ce qu’il faudrait, pour une société idéale, ce serait un journal satirique et d’information qui, par devoir civique, s’imposerait une règle de fer : ne publier ni satire ni information. Ce serait la fin du populisme, et le retour triomphant de la démocratie. »