samedi 24 janvier 2009, par Charlie enchaîné
On peut dire que Keynes a introduit, avec Leonard Wolf, l’éditeur de l’œuvre, Freud en Angleterre. Tous ses écrits sont imprégnés de Freud. Sa théorie des marchés (complètement à l’opposé des sornettes sur l’offre et la demande des libéraux) est une théorie des mouvements de foule, de la panique, du panurgisme, de la mode et du mimétisme, dans la tradition de Psychologie des foules et analyse du moi. Il reprend à son compte la notion freudienne de « pulsion de mort » dans son analyse de l’accumulation et de l’argent. Le désir d’accumulation est un désir morbide d’argent, qui relève de la pathologie de Midas, le roi qui se conduit lui-même à la mort par son désir effréné d’argent. Le capitalisme est un stade infantile de l’humanité, où les hommes sont à jamais insatisfaits ; c’est un système pervers, qui joue sur la frustration, favorise la servitude volontaire et ne satisfait aucun besoin. Le capitalisme veut tuer la nature, crever et nous faire crever.
« John Maynard Keynes, ou le triomphe de l’anticapitalisme » (extrait), par Oncle Bernard, Charlie Hebdo n°865, p. 17, 14/01/09.
Illustration de Riss.