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Le changement hors taxes, c’est maintenant !

jeudi 24 mai 2012, par Hadi Taibi

La France a voté ! Les Français ont décidé par la voie des urnes d’indiquer la voie de sortie au locataire du palais de l’Elysée. Le bail ne lui sera pas renouvelé. Le « changement » promis succède donc au « chantage » du compromis. C’est de cette façon que s’achève un quinquennat qui a couté 500 milliards d’euros, sans jamais parvenir à divulguer, à l’opinion publique, l’identité du toujours mystérieux géniteur de l’enfant de Rachida Dati. Quel gâchis !

L’heure du changement n’attend pas pour autant. Le changement, c’est maintenant ! Les prémices des changements projetés sont paradoxalement signalées du côté du pouvoir sortant. Le président n’est jamais mieux servi que par lui-même ; il commence par changer d’attitude lors de son discours de « reconnaissance de la défaite ». À cette occasion, il adopte une posture digne d’un grand chef d’État. Ses mots sont puisés dans un lexique dulcifiant qu’on ne lui connaissait pas auparavant. Beaucoup découvriront en cette soirée du 6 mai à 20 heures précises, le moment qu’a choisi monsieur Sarkozy pour se mettre dans la peau d’un véritable Président à la hauteur de la France.

Toujours à droite, madame Dati, ex-Garde des sceaux sous Sarkozy, anticipe le changement pour… changer son tailleur d’indésirable contre une veste de misérable à l’effigie d’une feuille de cannabis. Tels frères, telle sœur. Désormais il ne faudra plus s’étonner si l’on croise sur les colonnes d’un journal une annonce du genre « dame charmante, cherche rappeur ou dealer pour l’accompagner dans son aventure parisienne, pour s’accaparer l’arrondissement qui lui permettra d’arrondir ses fins de mois ».

Le changement, c’est maintenant ! à gauche, on tâche à ce que l’on soit les bons donneurs d’exemple en matière de changement. On veut marquer fortement les esprits en observant le changement le plus radical et le plus important jamais annoncé sous aucune des cinq Républiques jusqu’ici consommées, ni même sous la toute puissante monarchie : la première Dame de France ne doit plus son statut à l’inscription de son nom sur le livret de famille du président élu, mais uniquement à la parution de sa photo à la Une de Paris match…

La voie « Royale » semée d’embûches conjugales était toute tracée ; madame Valérie Trierweiler en avait profité pour transiter par la case du « baiser utile », selon cette cochonnerie émise par Pierre Salviac, sachant évidemment qu’aucun baisé n’est inutile si l’on se réfère à la parole donnée par l’experte en la matière, et non moins autre première Dame de France, madame Carla Bruni.

Ségolène, l’ex-compagne du président élu, fût réduite, à l’ère du changement, à faire le porte-à-porte pour promouvoir la campagne électorale de celui qui accédera au parvis de l’Élysée en compagnie de sa nouvelle compagne. C’est tout à l’honneur de celle qui ne sera jamais première dame élue Présidente de la république, ni première dame tout court. Souhaitons-lui le (re)perchoir si on daigne bien la repêcher.

Rien ne sera plus comme avant. Le changement, c’est maintenant ! Mais comment peut-on prétendre au changement de trajectoire sans l’éléphant Kouchner, le mammouth Allègre, la pirouette Besson ou le bison DSK pour montrer le chemin à ne pas suivre, eux qui avaient déjà opéré leur changement il y a cinq ans ? La réponse à ce changement est dans la question : on ne change pas celui qui a déjà changé ; on change celui qui est resté fidèle à lui-même, le peuple en l’occurrence.

C’est le changement en hors taxe. En TTC, le changement, c’est aussi maintenant ! Les Français y seront également très concernés aussi bien par les non-dits, que par les non-prévus des promesses de changements, en ce sens qu’ils doivent revoir à la baisse leur modèle de consommation. Bruxelles cadre, pour eux, le bilan prévisionnel du Président élu qui aura à gérer plus d’inflation, plus de déficits et un peu moins de croissance. Rien que ça !

Les dixièmes et les centièmes qui apparaissent dans les écritures fractionnaires des rapports de la Commission européenne se traduisent, en valeur absolue, en quelques 40 à 45 milliards d’euros à trouver, impérativement, sous peine de récession, dans les poches des contribuables/consommateurs français.

Ainsi, chaque foyer se verrait imputer, en termes de pouvoir d’achat, l’équivalent d’un smic par année, auquel il faut ajouter la moitié du smic pour chaque enfant supplémentaire à charge. C’est le niveau de la dépense que prévoyaient les ménages pour s’assurer des vacances au soleil. Parmi les vacanciers privés de leurs vacances, se retrouveront tous ces immigrés qu’on veut faire voter aux élections locales, mais dont le Président nouvellement élu doit commencer par apprendre à supporter leurs « emmerdements » dès cet été.

Le changement, et maintenant ? Place maintenant au corps des changements. Les réformes peuvent démarrer. La mesure la plus en vue est incontestablement ce chèque de 600 millions d’euros que signeront les « riches » au profit du Trésor public. Trop de bruit pour un coup d’épée dans l’eau. C’est comme si le CAC 40 consentait des remises de 10 euros pour chaque Français qui leur achète 700 euros de marchandises (le bénéfice cumulé des 40 plus grandes entreprises de France est de 28 milliards d’euros). En économie, on appelle ça, une mesure pour rien !

Deuxième mesure phare. C’est la création de 60 000 nouveaux postes budgétaires qui seront transférés à partir du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux et qui seront versés dans le secteur de l’Éducation nationale dans une répartition qui touchera les enseignants, les médecins scolaires et assimilés, les personnels administratifs et de logistique et certainement beaucoup de pions pour surveiller les élèves et les mater en cas de besoin. Aucune mesure (budgétaire) n’atteint par ailleurs la sécurité des élèves au sein des enceintes mêmes de leurs établissements aussi bien des intrusions dangereuses de personnes étrangères que de la profusion du phénomène tout aussi dangereux inhérent au comportement « immoral » qui semble caractérisé la nouvelle génération du corps des enseignants (selon les propres aveux (d’impuissance ?) du ministère de tutelle).

On annonce cependant le renforcement des effectifs de la Police et de la Justice qui se chargeront, de manière certainement plus efficace, d’arrêter et punir les contrevenants au Droit, ce qui transférerait de facto les compétences préventives de l’État, au profit d’une gestion répressive, sans distinction de la qualité de mineur, ni pour les auteurs ni pour les victimes. On comprend par là l’engouement brusque des politiques pour la fonction d’avocat qui doit, au mieux, rapporter gros au vue du nombre d’affaires attendues, au pire « baiser utilement ».

Le changement, c’est maintenant ! Le changement a aussi ses revers : il privera notre ami Sarkophage des bourdes de Sarkozy, ce qui privera, par extension, les admirateurs de ses pamphlets. Le changement fera aussi disparaitre des visages coutumiers de la scène médiatique : l’impénitent Arnaud Montebourg va manquer à l’opposition systématique à tout, sauf s’il décide d’opposer à la rose, sa « Rose Réséda » ; la veille garde du PS va manquer de se souhaiter mutuellement joyeux anniversaire sans risquer d’éveiller de vieilles querelles ; Valérie va manquer au Régisseur de l’université qui ne saura plus comment remplir ses caisses ; Nadine va manquer aux Guignols de l’info qui auront du mal à lui trouver une remplaçante tout aussi « guignollement » photogénique ; Roseline va manquer aux laboratoires pharmaceutiques qui ne sauront plus comment écouler leurs vaccins ; Luc va manquer aux enseignants lubriques ; Nora va, quant à elle, manquer aux SDF pour leur rappeler de rester chez eux par temps de froid et enfin, Super David va manquer aux « immortels », mais certainement pas à Molière qui peut reprendre son sommeil éternel, en toute tranquillité.

Le changement, c’est maintenant ! Maintenant, c’est dès à présent ! Et c’est dès à présent qu’il faut se mettre à l’heure du changement en commençant par changer le sens du croisement des doigts et espérer que l’élection de « Hollande » Président de tous les Français ne va pas réduire la France à une espèce de « pays bas ».


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