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Le fortuné Bolloré

jeudi 24 mai 2007, par Charlie enchaîné
mise à jour : mardi 18 septembre 2007

Une semaine après le voyage du nouveau président de la République à Malte sur le yacht de Vincent Bolloré, « Le Canard enchaîné » et « Charlie Hebdo » (16/05/2007) consacrent chacun une série d’articles au groupe du milliardaire et à ses relations troubles avec l’Etat français.

L’Afrique, c’est chic

Bolloré n’aurait jamais travaillé avec l’Etat, dixit Nicolas Sarkozy. Mais d’abord « c’est oublié (...) le rôle qu’à jouer l’industriel français sur le continent africain » écrit Sylvie Coma dans « Charlie ». Comment le groupe a-t-il pu compter 70 sociétés à travers 35 pays de ce continent ? Un « empire » difficile à bâtir « sans de solides amitiés françafricaines », d’autant que « le grand commerce en Afrique (...) implique souvent (...) l’avis [du ministère des Affaires étrangères, voire du ministère de la Défense] ». Michel Roussin, ancien proche collaborateur de Chirac, condamné dans l’affaire des marchés publics d’Île-de-France « sans dénoncer personne », a été choisi comme vice-président du groupe : un atout quand « l’omerta des offres privilégiées » fait figure de « pratique (...) courante ». Par exemple quand il s’agit d’obtenir en 2004 « la concession du port d’Abidjan (le plus important d’Afrique de l’Ouest) » sans appel d’offres... Aujoud’hui, le groupe Bolloré suit le « mouvement de désengagement des entreprises françaises en Afrique » de l’Ouest suite à l’arrivée de la concurrence internationale. « Un retrait (...) pour mieux se déployer sur les côtes méditerranéennes, méridionales et orientales du continent » conclut la journaliste de « Charlie Hebdo ».

Brigitte Rossigneux, pour le « Canard », écrit que 20% du chiffre d’affaire de Bolloré est réalisé en Afrique, et partage l’analyse de S. Coma sur les deux points principaux. Premièrement, « la corruption est la règle » sur ce continent. D’ailleurs, en février 2006, quatre cadres du groupe étaient inculpés par la justice togolaise pour « corruption de magistrats ». L’Elysée a dû intervenir pour les faire sortir de prison, mais cette affaire pourrait rebondir. Le deuxième point où la journaliste du « Canard enchaîné » rejoint celle de « Charlie Hebdo » concerne les liens supposés et les renvois d’ascenseur entre Bolloré et l’Etat français : « aucun groupe ne peut prospérer [en Afrique] sans le soutien actif du Quai d’Orsay et du ministère de la Coopération. » B. Rossigneux s’interroge à propos de l’affaire de corruption. En effet, Vicent Bolloré est inculpé « en personne » par un magistrat togolais. De ce fait, « aura-t-il besoin de Sarko pour arrondir les angles avec la justice togolaise ? »

Le fric, c’est choc

Martin Bouygues (son « témoin de mariage avec Cécilia » et « parrain du petit Louis »), Arnaud Lagardère (son « frère ») et Serge Dassault comptent parmi les intimes de Nicolas Sarkozy. Mais « Vincent Bolloré les a coiffés au poteau en obtenant que l’élu du peuple vienne se reposer sur son yacht » écrit Alain Guédé dans le « Canard ». D’après Oncle Bernard dans « Charlie », « Bolloré est détesté de Bouygues (...) à cause du raid qu’il fit tantôt chez le maçon, raflant au passage quelques 250 millions de plus-value. » Ce n’est pas son seul « coup » . Le groupe, qui pèserait cinq à six milliards d’euros, a réalisé l’an dernier une opération sur Vallourec lui rapportant 541 millions, et un autre raid sur Lazard lui avait assuré 290 millions [1]. Dans cet océan de millions, « Charlie » en repêche « peanuts » (36 millions) pour un marché de fret (transport de la valise diplomatique) passé entre SDV, une filiale du groupe Bolloré, et les ministères des Affaires étrangères et de la Défense.

Le journaliste du « Canard enchaîné » Alain Guédé s’intéresse plus particulièrement au wimax [2] et explique que, dans cette affaire, « Bolloré a mené tout le monde en bateau. » En effet, le groupe a obtenu 12 licences régionales (sur 49) pour un coût de 78,3 millions. Mais cet investissement pourrait lui rapporter gros car « il suffirait d’une opportune modification de la réglementation, et Bolloré pourrait utiliser le wimax pour d’autres usages (...) sans devoir payer l’énorme licence UMTS (620 millions d’euros). » En clair, « ses liens avec l’Etat portent (...) moins sur les contrats que sur les avantages qu’il peut en espérer » écrit Alain Guédé, qui rappelle ce glorieux épisode : en 2000, « [Vincent Bolloré] se débarrasse à très bon compte des chantiers du Havre, qui, pendant des années, avaient vécu sous perfusion gouvernementale » puis, plus tard, « il acquiert 40% de la SFP [3] pour 30 millions (de francs), alors que le gouvernement débourse, lui, 320 millions pour le seul plan social. »

Notes

[1] Ces chiffres sont ceux donnés par Oncle Bernard. Autre illustration des « raids » de Bolloré par exemple ici.

[2] Selon wikipédia , il s’agit d’une « famille de normes, certaines encore en chantier, définissant les connexions à haut-débit par voie hertzienne. »

[3] La SFP (Société Française de Production) réalise, selon le « Canard », 25% de son chiffre d’affaires avec des chaînes publiques.


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