Charlie enchaîné

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Le maître du monde

jeudi 19 avril 2007, par Chantal Sayegh-Dursus

Le maître du monde réfléchissait. Qu’allait-il faire, maintenant, de tout son temps ?

Ce n’était pas si simple, il était invincible, intouchable, et ses projets avaient force de loi. Des chefs d’états étrangers, qui n’étaient pas sous son contrôle, lui faisaient tous les jours allégeance : espérant, en éveillant sa sympathie, glaner quelques miettes de son pouvoir. Il n’avait aucun opposant sérieux.

Alors, il convoqua les journalistes. Maintenant, le divertissement pouvait commencer. Et des scandales éclatèrent tous en même temps. Les médias se déchaînèrent. Les sondages furent encouragés à montrer le peu de légitimité de ce despote, dont la cote de popularité dégringolait d’heure en heure. Vingt minutes par jour, il se laissait vilipender par les journalistes politiques. Il engagea même un clown, son sosie exact, pour se présenter, à sa place dans différentes manifestations. Quand il daignait se déplacer, il faisait, en direct, le mea culpa de toutes ses erreurs et, en avouait même d’autres, que nul n’aurait pu soupçonner, preuves à l’appui. La tension était à son comble. Il se tordait les mains, pleurant, demandant pardon, prenant les autres à témoin, quémandant des conseils, que fallait-il qu’il fasse ? Bref, se comportant comme le pur bouffon qu’on le soupçonnait d’être.

Des élections anticipées furent réclamées, car des émeutes éclataient de toute part.

Il déclara la guerre à l’un de ses proches alliés, afin de récupérer l’intégralité de ses réserves énergétiques. Il insulta tous ses pairs, les mettant au défi de contrecarrer ses plans. Il inonda leurs territoires de ses produits, tout en élevant des barrières douanières pour leurs propres produits. Il avait chargé ses services spéciaux de dérober toutes leurs propriétés techniques et industrielles, payé des bataillons d’avocats pour faire des addendum, annulant tous les accords et contrats qu’il était en train de signer ; poursuivant en justice les contractants, de façon abusive ; en prévision de litiges futurs. Des dizaines de livres, de films, de forums de discussion animés, traitaient de ce sujet.

Il fallait faire quelque chose. Cela ne pouvait plus durer.

Quand la tension culmina, il convoqua la presse.

Je vous remercie de m’avoir soutenu pendant ces moments difficiles, car pendant cette période, j’ai pu, avec l’aide des services spéciaux, déjouer une trentaine d’atteintes à l’intégrité nationale. Dormez sur vos deux oreilles ; nous sommes là, nous veillons.

© Propriété intellectuelle sécurisée.


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