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Le malaise Choron

lundi 19 janvier 2009, par Charlie enchaîné
mise à jour : samedi 24 janvier 2009

La sortie du film Choron, dernière le 7 janvier a ébranlé la rédaction de Charlie Hebdo. C’est le moins que l’on puisse dire : pas moins de trois membres du journal (Philippe Val, Jean-Baptiste Thoret et Cabu) s’en prennent, la semaine suivante, à ce que Le Monde qualifie de « pamphlet contre les collaborateurs actuels » de l’hebdomadaire. De son côté, Cavanna rend une nouvelle fois hommage à feu Choron au détour de sa chronique hebdomadaire, sans évoquer le documentaire de Pierre Carles et Éric Martin.

La polémique avait commencé mi-décembre, avant même la sortie du film. Philippe Val, Cabu et Wolinski avaient, en vain, réclamé l’interdiction de l’affiche de Choron, dernière, arguant que leurs noms étaient utilisés à leur insu à des fins mercantiles. Une initiative relayée par plusieurs médias, ce qui aura eu pour effet de faire une publicité inattendue au film de Pierre Carles et Éric Martin.

Charlie saute sur Choron, dernière

Ironique, Philippe Val, dans un éditorial à tiroirs titré « Une semaine bête et méchante », qualifie la sortie du film de « bonne surprise » de la semaine, et renvoie à « l’article de Thoret et la colonne de Cabu » plus loin dans le journal. Néanmoins, le directeur de Charlie Hebdo se pique d’un petit commentaire sarcastique : Choron, dernière a obtenu trois étoiles dans Le Figaro Magazine. Philippe Val se réjouit que la critique du Fig Mag « massacre Cabu, Wolinski et [lui-même] », en estimant que « pour les malheureux Carles et Martin, ça doit être une humiliation » de voir leur documentaire apprécié par « la droite la plus conservatrice ».

La chronique cinéma de Jean-Baptiste Thoret, intitulée « C’est par où la sortie ? », adopte sans surprise la même tonalité teintée d’ironie. Il qualifie par exemple l’humour du professeur Choron de « scato-paillard et terriblement daté ». Pour lui, le film « échoue dans la bêtise péremptoire, le rire machinique et le verbe imbécile ». Pire, il révèle un Choron « Français moyen un brin pathétique ». Jean-Baptiste Thoret conclut avec des mots assez durs : « Enfin, je comprends pourquoi (...) j’ouvre rarement ma braguette en public, pourquoi Charlie seconde manière a “trahi” l’héritage de Choron, pourquoi il est des subversions qui se périment vite, et pourquoi je n’aime pas les beaufs, même modernes. »

« Ce que ne dit pas le film {Choron, dernière} »

Dans sa « colonne », située à proximité de l’article de J.-B. Thoret, Cabu n’adopte pas l’ironie des deux précédents. Il énumère une série de faits autour du thème « Ce film ne raconte pas ce que Choron nous racontait ». Exemple : « Choron nous racontait comment baiser un banquier en débauchant son fondé de pouvoir... qui finit dans la Seine ». Amer, Cabu affirme que « La mauvaise gestion (de Choron) finit par faire crever 5 journaux... tous créés par Cavanna ». Il est clair, ici, que Cabu dénie la paternité du titre Charlie Hebdo au professeur Choron, la reconnaissant au seul Cavanna — ce qu’indique d’ailleurs l’ours de l’hebdomadaire.

Cavanna va-t-il défendre son « frère » ?

Dans sa chronique hebdomadaire, Cavanna ne mentionne pas directement le film Choron, dernière. Néanmoins, on peut s’attendre à une réaction de sa part étant donné la violence exprimée à l’égard de ce que fut le professeur Choron dans les papiers cités ci-dessus. On se souvient notamment que Cavanna avait, le 17 décembre dernier, poussé un coup de gueule pour dénoncer la disparition de l’humour bête et méchant dans Charlie Hebdo au profit des « bien-pensants ».

Cavanna avec Choron

© Arnaud Baumann — Photographie publiée dans le hors-série « Cavanna raconte Cavanna » (11/08)

Dans le hors-série de Charlie Hebdo « Cavanna raconte Cavanna » (novembre 2008), le fondateur « officiel » de Charlie Hebdo écrivait : « Choron fut pour moi l’Occasion. Comme je le fus pour lui. (...) J’avais en tête une grande idée. Irréalisable. Lui, y crut. Il était bien le seul au monde qui pouvait lui donner vie. (...) Hara-Kiri est né du choc de notre rencontre ». Et dans le numéro du 14 janvier 2009, alors que trois de ses comparses de Charlie Hebdo fustigent Choron, dernière, Cavanna rend une nouvelle fois hommage appuyé à son ancien acolyte au détour d’un paragraphe.

Vous n’avez pas connu Choron. Le Professeur. Moi, oui Eh bien, il était dans la mouise, il a fait un journal qu’il appela La Mouise, qu’il fit vendre sur le trottoir par d’autres gars dans la mouise. Il n’avait pas inventé la chose. D’autres avaient fait des journaux parlant de SDF, vendus par des SDF. Seulement, ces cons, ils appelaient ça Le Bec-de-Gaz, Le Caniveau, La Détresse, et ils y entassaient des chialotteries, des pleurnicheries, des appels à la pitié... Les cons. Choron emplit La Mouise de rigolades, de grosses blagues sur les SDF, justement, et il vendit ça comme des petits pains au lait. Ça n’a pas duré, avec Choron rien ne durait (...).

P.-S.

Ajout du 24/1. À lire, sur Charlie enchaîné, la chronique de Cavanna, dans le numéro du 21 janvier 2009, qui réagit à la colonne de Cabu : « Le malaise Choron (suite) ».

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23 Messages de forum

  • Le malaise Choron

    19 janvier 2009 13:24, par George Abitbol
    On ne sait pas ce que les journalistes du Fig’ penseront du dernier ouvrage de Monsieur Val, on sait ce que certains, dans le parti de Bruno Mégret, pensent de ses idées : http://www.m-n-r.fr//discours151.htm

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    • Le malaise Choron 19 janvier 2009 14:15, par Charlie enchaîné

      Le rapprochement effectué par Philippe Val se voulait ironique ; votre amalgame a semble-t-il un dessein moins moqueur que médisant. Il nous sera très difficile d’admettre, à la lumière du texte que vous référencez, que Philippe Val épouse les thèses du MNR — ou le contraire. D’autant que, malgré les polémiques incessantes entre entre Philippe Val et ses pourfendeurs, ceux-ci sont — au risque d’en contrarier beaucoup — certainement beaucoup plus proches que ne le sont le duo Pierre Carles-Éric Martin et Le Figaro Magazine, ou encore Philippe Val et le parti politique de Bruno Mégret.

      On aimerait que tout ce beau monde — ici, on exclut, cela va de soi, Fig Mag et MNR — finisse par déposer les armes et signe un cessez-le-feu bilatéral. À côté, Tsahal et le Hamas paraîtraient presque plus raisonnables...

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      • Le malaise Choron 19 janvier 2009 14:53, par pola.k
        Oui, oui, on l’a bien compris, que Philippe Val a le monopole de l’ironie.

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      • Le malaise Charlie, enchaîné 19 janvier 2009 14:54, par ph

        "À côté, Tsahal et le Hamas paraîtraient presque plus raisonnables..."

        Votre rapprochement, est-il aussi sarcastique, ironique ? Perso, je préfère cette vidéo

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      • Le malaise Choron 19 janvier 2009 14:59, par George Abitbol

        Concernant votre dernier paragraphe renvoyant dos à dos les protagonistes de deux affaires qu’il me semble audacieux de mettre sur le même plan, sans voir le contexte est le passé, je mets toutes les réserves et je ne commente pas davantage.

        Pour le reste, votre propos ne me semble absolument pas neutre. Je vous laisse l’entière responsabilité du rapprochement carles/martin - figaro. Quand Siné Hebdo, CQFD ou tout autre publication classée à "l’extreme gauche" dit du bien du film, vous pourriez dire la même chose. Ca voudrait dire que Siné Hebdo et le Figaro, c’est kifkif ! c’est totalement absurde, comme le sont les arguments de Philippe Val, fort peu inspiré dans cette affaire.

        Rapprocher le mnr de val (et pas l’inverse, relisez bien) est évident provocateur. MAis ce n’est rappelé qu’en réponse à la prose de Philippe Val. Personnellement, qu’un parti d’extreme droite se trouve des idées communes avec un "penseur" dit de gauche me trouble plus que l’avis d’un journaliste dont on ne connait pas les opinions politiques, même s’il ecrit dans un journal de droite. MAis ça n’engage que moi.

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        • Le malaise Choron 19 janvier 2009 15:36, par Charlie enchaîné

          Charlie enchaîné adopte une position d’observateur ; ce qui ne nous empêche pas d’avoir — et parfois d’émettre — une opinion qui se nourrit de points de vue contradictoires. Devant le flot de critiques, voire d’insultes, qui se déversent sur Charlie Hebdo et ses collaborateurs, nous tentons de rétablir une certaine forme d’équilibre en apportant des éléments issus de l’hebdomadaire : hormis les éditoriaux de Philippe Val (une demi-page), voire les articles du duo Caroline Fourest-Fiametta Venner, on trouve généralement sur Internet peu d’informations relatives au contenu de Charlie Hebdo — quoique le journal en mette de plus en plus sur son site officiel.

          Ici, le rapprochement Carles-Martin/Figaro Magazine n’est pas de Charlie enchaîné, mais bien de Philippe Val lui-même (c’est une citation), ce que d’ailleurs vous lui reprochez. Nous n’avons pas fait une telle comparaison, mais signalons, en réaction à votre commentaire, que sa pertinence est aussi discutable que l’amalgame que vous faites entre MNR et Philippe Val. Nous sommes d’accord sur le premier point au moins ; pas sur le second semble-t-il.

          En réponse à pola.k : nous écrivons nullement que Philippe Val a le monopole de l’ironie. La preuve, nous écrivons que Jean-Baptiste Thoret en fait preuve lui aussi...

          En réponse à ph : on s’amuse comme on peut. La réaction excessive de Philippe Val peut s’expliquer par l’acharnement de Pierre Carles et de sa bande. Cela dit, on pourrait tout autant dire qu’il manque d’humour, ce que laisse supposer l’habileté du montage. Chacun voit midi à sa porte, comme d’habitude.

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          • Le malaise Choron 19 janvier 2009 15:55, par George Abitbol

            position d’observateur, c’est très gentil. renvoyer dos à dos tout le monde est très commode. vous manquez pourtant l’essentiel :

            Si l’équipe de Charlie Hebdo n’avait pas pris ce qui l’arrangeait de "l’héritage" (le nom pour capter les anciens lecteurs au moment du lancement du journal, par des moyens douteux - voir ce qu’écrivait à ce sujet Delfeil de Ton dans sa chronique du Nouvel Obs’ en aout 2008 -) en allant jusqu’à nier le rôle de Choron dans le journal (le film le montre, mais un certain nombre d’épisodes antérieurs - voir la parution des "années charlie" en 2004 -), il n’y aurait pas de polémique.

            Val, dans cette affaire (et dans d’autres), a commit un certain nombre de saloperies. Il faut le dire. C’est très commode de proclamer sa neutralité. Ses détracteurs, je crois, n’ont pas de cadavres dans leurs placards.

            N’oubliez pas que le film n’existe que pour rétablir une certaine vérité et sauver CHORON de l’oubli. C’est le film, donc Carles et Martin en premier chef, qui tente(nt) de rétablir l’équilibre. Ils n’affirment pas que Choron était un génie, ni qu’il a tout fait dans Charlie. Ce sont eux qui sont mesurés. N’inversez pas les rôles

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            • Le malaise Choron 19 janvier 2009 16:42, par Charlie enchaîné

              Bien qu’aucun élément ne permette de l’étayer, le lectorat de Charlie Hebdo dans les années 2000 est sans doute bien différent du lectorat du Charlie Hebdo/Hara Kiri des années 1970 — qui a peut-être retrouvé ses petits à travers Siné Hebdo, mais, là encore, rien ne peut corroborer cette thèse. Jusqu’à preuve du contraire, les lecteurs d’un journal ne lui appartiennent pas ; ce serait leur prêter une certaine naïveté, par exemple prétendre que la « captation d’héritage » du nouveau Charlie Hebdo en 1992 — certes discutable et discutée — aurait une quelconque résonance 17 ans après : les lecteurs sont libres d’acheter ou de ne pas acheter ce journal, n’est-ce pas ? (Et ils le font, paraît-il, de moins en moins.)

              Concernant l’« oubli » du professeur Choron, vous l’avez dit, le documentaire de Pierre Carles et Éric Martin est destiné à l’en tirer. L’équipe actuelle de Charlie Hebdo ne se revendique pas de Choron, c’est clair. Pour autant, ils ne l’ont pas effacé de l’histoire du journal (dans Les années Charlie, contrairement à ce qu’on lit courrament sur internet, le nom de Choron est bien présent). En outre, sa mémoire est toujours présente sous la plume de Cavanna, qui ne sera pas destitué de son rôle de fondateur. Bref, voilà Choron sauvé de l’oubli ; mais son héritage n’est pas à Charlie Hebdo.

              Concernant la position de Charlie enchaîné, être observateur est effectivement bien « commode ». Dans cette polémique, nous n’avons aucun espèce d’intérêt ; en discuter sans fin s’apparente à une perte de temps. L’influence prêtée à Philippe Val par ses détracteurs du fait de ses multiples apparitions médiatiques semble bien démesurée et dérisoire au regard de la-droite-qui-étend-chaque-jour-un-peu-plus-son-emprise-sur-nos-vies, comme l’écrirait un certain Sébastien Fontenelle, grand adepte de la critique des éditoriaux de Philippe Val.

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              • Le malaise Choron 19 janvier 2009 17:15, par George Abitbol

                (dans Les années Charlie, contrairement à ce qu’on lit courrament sur internet, le nom de Choron est bien présent)

                Il est présent UNE fois, dans la préface de Cavanna qui parle, au détour d’une phrase, de "l’odeur des pallmall de choron". C’est tout. Sa couverture "bal tragique à colombey", dont tout le monde lui reconnait la parternité, ne lui est pas créditée. Est-ce que CHORON a été cité une seule fois lors de la promotion radio/télé du recueil (même dans la bouche de Cavanna) ? Avouez que c’est TRES peu. Même Cavanna reparle de Choron aujourd’hui, sans doute par ce qu’il se rend compte de la tournure des évènements. Sa réaction est tardive, mais elle a au moins le mérite de la sincérité. Puisqu’ils leur semble important de s’autocelebrer en sortant des recueils (et en re-utilisant le logo Hara Kiri en derniere page du journal actuel...), il faut accepter TOUTE l’histoire. Ce sont les critiques répétées de gens qui n’ont pas les mêmes acces aux médias que Philippe Val, qui ont fait évoluer le débat.

                Si le journal s’appelait "Val Hebdo", il n’y aurait pas cette polémique.

                L’acharnement (puisque vous avez employé le terme) contre Val est proportionnel à ses apparitions médiatiques. Son influence ne doit pas être négligée (on invitait souvent, par le passé, monsieur Val, dans les lycées pour apporter une parole "différente" aux élèves. Or, de la guerre au Kosovo au referendum 2005, la différence avec le discours dominant ne saute pas aux yeux), il suffit d’écouter ce que disent (avec sincérité) nombre de lecteurs de Charlie.

                Ce n’est pas parce que son influence se reduit aujourd’hui à mesure que les ventes se reduisent qu’il ne faut pas en parler.

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          • Le malaise Choron 19 janvier 2009 16:25, par George Abitbol

            "La réaction excessive de Philippe Val peut s’expliquer par l’acharnement de Pierre Carles et de sa bande."

            La encore, ça n’a pas de sens. Dire "Carles s’acharne" (il n’a commis qu’un film sur le sujet) "la réaction excessive de val s’explique par...", c’est prendre position. Les positions excessives de Val et de son équipe existent depuis 1992. Nier l’importance de Choron dans l’histoire du journal, c’est de l’acharnement. De l’acharnement par le silence (moins ces derniers temps, par la force des choses). Or, ça, vous ne le dites pas (et y avez vous simplement déjà songé ?). Vous ne dites "le film de Carles et Martin, s’il peut sembler excessif, s’explique par l’attitude de Val & co".

            En somme, la neutralité est quelque chose de très relatif.

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            • Le malaise Choron 19 janvier 2009 16:54, par Charlie enchaîné

              La vidéo de Pierre Carles n’est pas le premier montage qui montre, dirons-nous, une certaine image de Philippe Val (voir la vidéo du Plan B, « Charlie Hebdo se fait hara-kiri »). L’acharnement — le mot peut avoir été mal choisi — vient de la répétition de la même question, non pas de la répétition de films. En outre, il est bien écrit « peut s’expliquer », et non « s’explique » : ce n’est donc pas une affirmation, mais une proposition d’explication (il y en a d’autres).

              Concernant le « silence » sur le rôle de Choron dans Charlie enchaîné, il y a plusieurs explication assez simples. Le site s’inscrit essentiellement dans le présent. Un détour dans le passé est toujours intéressant ; cependant, celui qui vous écrit n’a pas connu Charlie Hebdo époque Choron... Mais vous ne pouvez pas affirmer que nous avons été silencieux sur Choron : il y a tout juste un an, nous mentionnions la préparation du film Choron, dernière.

              « En somme, la neutralité est quelque chose de très relatif. »

              Nous sommes bien d’accord sur ce point. D’ailleurs, qui a prétendu être neutre ?

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              • Le malaise Choron 19 janvier 2009 17:20, par George Abitbol

                Quand je parlais de "silence" je parlais du silence de Val et de son équipe par rapport à Choron, pas du votre, évidemment. Je dis qu’il y a acharnement contre Choron, et que cet acharnement se traduit par le silence et par la négation.

                Si je parle de neutralité relative, je ne vous fais pas de procès d’intention. je pense sincérement qu’il est inconscient. Vous parlez de l’acharnement de Pierre Carles, pourquoi pas, puisqu’outre le film, il y a ces deux vidéos dont vous evoquez l’existence. Mais vous ignorez totalement celui, beaucoup plus ancien et insidieux, des dirigeants de Charlie Hebdo, à l’égard de Georges Bernier, co-fondateur de Charlie Hebdo.

                Cette négation est, je me répète, à la base de tout ceci.

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            • Le malaise Choron 23 janvier 2009 03:31, par Bertrand-Cantal

              La neutralité est relative. Eh oui, cher George, et votre commentaire en est la preuve. Vous reprochez la neutralité adoptée par Charlie Enchaîné (rassurez-vous, moi non plus je n’y crois pas). Prenons cette phrase : "Les positions excessives de Val et de son équipe existent depuis 1992". On est en droit de faire la part belle aux imbécilités proférées par Val, si l’on fait le savant calcul que critiquer Val, c’est faire progresser une autre pensée, celle de George Abitbol. C’est votre droit.

              Toutefois, qu’il me soit accordé de faire souligner aux yeux des courageux lecteurs qui déroulent le fil de ma pensée que vous ne relatez qu’avec parcimonie les positions progressistes de Val. Si je ne redoutais de vous choquer, je dirais que ni Carles ni vous n’êtes objectifs. A moins bien sûr d’émettre la périlleuse opinion que Val ne peut, ne sait dire que des sottises… Mais, comme l’a fait remarquer Charlie Enchaîné, il n’y après tout que l’épaisseur d’une dame aux camélias en fin de vie entre nombre de positions de Val (ou de son équipe) et les vôtres.

              Alors, quittons le terrain de l’objectivité, de la neutralité, de la pureté, tous autant que nous sommes, ou nous ferions rire de nous. J’en ai bien, pauvre de moi, des positions excessives ; mais ce sont les miennes, ne vous en déplaise. Et je m’estime assez heureux de les trouver généreuses, désintéressées… et surtout qu’il n’y ait pas toujours derrière mon dos un Pierre Carles avec sa caméra inquisitrice pour me rappeler à SON ordre, pour me remettre dans SON droit chemin. En toute amitié, Bertrand-Cantal

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  • Le malaise Choron

    19 janvier 2009 15:33, par George Abitbol

    La critique du film de Monsieur Thoret est amusante. Il résume l’humour de Choron à la seule scatologie (c’est pourtant Cavanna dont le visage est couvert de merde en couverture d’un harakiri spécial scato), c’est peu dire que c’est réducteur. Quand au fait que ce soit "daté", les nombreux acheteurs du recueil hara kiri ne semblent pas de cet avis. Quant à son appréciation sur la beaufferie de Choron, il oublie 2 faits : on est toujours le beauf de quelqu’un, et s’il travaille aujourd’hui à Charlie Hebdo (Philippe Val renie l’héritage mais s’était quand même arrangé pour reprendre le nom du journal pour capter le capital lecteur... bonjour l’éthique), c’est un peu grâce à la "beaufferie" véhiculée par le journal à une certaine époque. Enfin, j’ai assez ricané lorsque je lisais sous sa plume l’emploi du pronom impersonnel "on", alors qu’il pensait "je". Personnellement, je ne me suis pas ennuyé lors de ce film. J’ai trouvé ça très émouvant. Et finalement, si Val et consorts ne sont pas à leur avantage, ils se prennent eux même les pieds dans le tapis, et les passages les concernant sont assez anecdotiques.

    Quant à Cabu, on se demande comment il a pu collaborer si longtemps avec un personnage aussi malfaisant que CHORON (à moins que la lâcheté des collaborateurs du journal - critiques sur leur patron lorsque celui-ci a le dos tourné - soit antérieure à l’arrivée de Philippe Val). On se demande pourquoi son avis sur le prof’ n’est pas corroboré par des Delfeil de Ton, des Willem, j’en passe et des plus ou moins anciens "fidèles"... Ce que Cabu, lui, n’explique pas, c’est pourquoi l’équipe actuelle de Charlie a fait disparaitre l’existence de Choron de l’histoire de leur canard (sauf récemment sur le site). C’est du négationnisme journalistique. Leur histoire ne leur plait peut être pas, mais c’est leur histoire. Et si elle leur est douloureuse, ce n’est certainement pas en la niant qu’ils en gueriront. J’imagine que les raisons sont ailleurs.

    Je me demande surtout si Philippe Val, tout bon gestionnaire qu’il soit, tiendra jusqu’en 2017 (pour ses 25 ans de "regne") avec le niveau actuel des ventes du journal. Peut être qu’on s’apercevra, apres tout, que le fantasque Choron n’était peu être pas un si mauvais gestionnaire que ça... On sait seulement que ni Val, ni Cabu ne mourront pauvres

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    • Le malaise Choron 19 janvier 2009 20:43, par mika
      Bonjour, juste une question : quel est le tirage actuel de charlie et à combien d’exemplaire est-il vendu ? Les chiffres des ventes de charlie ces dernières années est-il connu ? En fait je souhaiterais savoir si les départs de lecteurs déçus par val et sa gestion du journal était compensée par l’arrivée de nouveaux lecteurs

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      • Le malaise Choron 19 janvier 2009 22:36, par Charlie enchaîné

        Ces chiffres ne sont pas publiés. Néanmoins, au début de l’été, Philippe Val annonçait sur France Inter une fourchette de 90 à 95 000 lecteurs. C’était avant le départ de Siné.

        Toujours sur France Inter, la semaine dernière, Philippe Val reconnaissait que Charlie Hebdo avait perdu des lecteurs, en partie du fait de la concurrence frontale de Siné Hebdo.

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      • Le malaise Choron 20 janvier 2009 09:04, par BécHameLle

        très officieusement, Siné+Charlie, ça ferait dans les 100.000 ex. avec un rapport 60/40 (60.000 pour Siné Hebdo)

        qu’on se rassure, y’a suffisamment de blé à Charlie pour laisser passer l’orage

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        • Le malaise Choron 20 janvier 2009 10:56, par Charlie enchaîné
          On aimerait toutefois disposer de sources plus fiables qu’officieuses.

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          • Le malaise Choron 20 janvier 2009 14:34, par BécHameLle

            certes, chers enchaînés.

            Mais on fait avec ce qu’on a.

            Le fait est que les collaborateurs de Siné Hebdo sont plus enclins, au détour d’une conversation, à avancer des chiffres. Donc je leur fais crédit de leur bonne foi (oui, je sais, c’est moyennement raisonnable).

            Cela étant, le contenu de ce dernier-né est plus sympathique qu’enthousiasmant. Tout ça est très gentil-militant-politiquement pépère. Et ressemble au Charlie d’il y a quelques années (années 90/2000, quand P. Val servait la soupe aux Bové, gauchistes et autres altermondialistes (ou se servait de la soupe des… ?) comme lors de la Grand’Messe de Millau, avant de leur cracher à la gueule à longs traits dans ses éditos et de militer pour les OGM

            - y’aurait pas un peu d’aigreur et de ressentiment, là ?

            - si fait, si fait, d’ailleurs je suis carrément hors sujet).

            Ce n’est, snif !, pas là que Cavanna retrouvera l’énergie tripale qui faisait avancer Hara Kiri…

            S.

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            • Le malaise Choron 20 janvier 2009 14:49, par Charlie enchaîné
              Militer pour les OGM ? Là, une source ou une référence très précises sont plus que nécessaires.

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              • Le malaise Choron 20 janvier 2009 16:35, par pola.k

                oaye ya p’t’être un peu d’abus à parler de militantisme pro-ogm, là.

                Cependant, dans un édito de 2005, Val s’en prend cette fois à Bernard Cassen et égratigne Bové au passage en ces termes : « Ils ont une même méfiance envers la science actuelle, et notamment la génétique, cheval de bataille de José Bové, dès que les chercheurs s’aventurent au-delà du simple et du compréhensible. »

                Alors, sous-entendre de cette façon que le combat contre les ogm imposées n’est finalement que la manifestation d’un obscurantisme de paysan borné, c’est certes pas du vrai militantisme pro-ogm, mais c’est encore moins le contraire.

                Soit dit en passant, pfiouuuuu, y’en a d’la haine dans les éditos du boss de Charlie… Vous disiez ? Val et ses "pourfendeurs" ? hum…

                Personnellement, je préfère désormais me pourfendre la gueule en lisant Sine hebdo…

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              • Le malaise Choron 21 janvier 2009 00:44, par BécHameLle

                OK, "militer" est peut être un peu fort.

                Désolé : impossible de sourcer, je garde pas les journaux et il a eu une période où le sujet revenait souvent, dans Charlie, à la radio… Je me souviens surtout d’un édito où, à ma grande suprise, il se payait Bové sur l’air très Jean-Marc-Sylvestrien du "dangereux ringard passéïste irresponsable" fauchant des OGM-sauveurs-de-l’humanité. Philippe Val, qui, quelques temps plus tôt, se la pétait comme un fou sur la scène géante dressée à Millau et faisait acclamer par la foule en délire le démonteur de McDo à moustaches.

                J’ai cru halluciner.

                *******

                Sinon, dans le genre, j’ai gardé ça :

                « J’aime bien Philippe VAL, le Directeur de Charlie Hebdo.

                A plusieurs reprises, ces dernières années, je me suis senti en phase, politique et philosophique, avec ses positions :

                - au moment du référendum sur le traité européen quand il dénonçait ce simulacre de démocratie où nous avait entraîné une pratique référendaire qui n’est pas dans la tradition de la Gauche

                - l’an dernier lors du débat interne au PS pour désigner notre candidate à l’élection présidentielle alors qu’il nous mettait en garde contre certains risques de la démocratie d’opinion

                - il y a quelques mois, bien sûr, à l’occasion de l’affaire des caricatures de Mahomet où son hebdo a été un des rares à défendre bec et ongle le principe de laïcité contre les intégrismes, la liberté d’expression contre la volonté de rétablir le délit de blasphème

                - et puis, à d’autres occasions, quand il eut le courage de dénoncer l’obscurantisme de certains anti-OGM qui se contentent de dire « les OGM, c’est mal » alors qu’il y a de mauvais OGM qu’il faut combattre et interdire – en gros ceux des multinationales agro-industrielles – et de bons OGM qu’il faut encourager – en gros ceux de la recherche publique et indépendante -. Mais ce débat est interdit en France.

                Bref, j’apprécie Philippe VAL.

                Et c’est pourquoi j’ai lu avec plaisir son « Traité de savoir survivre par temps obscurs » où l’on découvre que ce self-made man parti de rien s’est fait philosophe, adepte de Spinoza, de rationalité et de philosophie des lumières et praticien moderne de ce faisceau d’idées.

                Intéressant. »

                (Jean Glavany, ici)

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          • Le malaise Choron 21 janvier 2009 09:40, par spino-for-ever

            hola !

            je re-réponds que, faute de sources officielles, quelques collaborateurs de Siné Hebdo avancent ces chiffres.

            Et vu la qualité des échanges, je n’ai a priori pas de raison de ne pas leur faire confiance (pis pardon pour le hors-piste, on trouvera une autre occase de causer d’OGM).

            bises

            S.

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