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Les beurettes des temps modernes

mercredi 2 décembre 2009, par Hadi Taibi

Les temps où les premières générations d’immigrés l’étaient pour des raisons socio-économiques sont révolus. Place, maintenant, à l’ouverture aux valeurs de la République et aux avantages qu’elle offre. Les diplômes et l’égalité des chances peuvent conduire désormais jusqu’aux portes des institutions les plus prestigieuses de la France, en tête desquelles se trouve le palais de l’Élysée.

Après quelques expériences passées, où l’on offrait encore la chance à une certaine frange d’émigrés, notamment aux harkis, pour percer à travers les arcanes du microcosme parisien — généralement plus pour services rendus à la nation que pour des qualités méritoires —, le mode d’emploi, aujourd’hui, est à l’emploi de la mode !

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Azouz Begag
Photo © Ji-Elle

Azouz Begag était, pour ainsi dire, la seule fausse couche répertoriée chez la pondeuse de ministres beurs de la République. Certains nous diront que ce n’était qu’une simple erreur de casting, car Matignon se serait bien accommodé d’épinards sans beurre, qu’avec ce “beur” qui s’est avéré de goût amer. Sa bayrouïsation outrancière l’a mis au banc du Modem, cette machine à formater les indomptables, sans possibilité de rebondissement pour eux. Avis aux amateurs !

Le sado-maso Sarko arrive au pouvoir. Promesse électorale oblige, il décide de féminiser son équipe gouvernementale. À l’air du temps, il commence par se séparer de Cécilia, vieille marmite de son ex-vieux mari de cuisinier qu’était Jacques Martin, pour épouser Carla Bruni un top-modèle de sa condition féminine ; il oublie que c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes. Et c’est ainsi qu’il annonce la couleur, en étalant ses choix sensuels, avant de s’attaquer aux autres choix (in)habituels. Parmi le personnel politique féminin existant, ni les Jupettes, et encore moins les Jospinettes ne répondent aux goûts du Président. C’est ailleurs qu’il va recruter les francs-tireurs, adeptes du nettoyage de la racaille au kärcher.

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Rachida Dati et Nelson Montfort
Photo © girolame

Pour faire diversion, en faisant croire à la diversification ethnique, Sarko le Président, opte pour deux beurettes : Fadela Amara et Rachida Dati. La première pour s’occuper de la racaille des cités des banlieues et la seconde pour s’occuper de leur redressement au kärcher, à défaut de leur trouver des places disponibles pour les calfeutrer. Le choix de nos deux ministres pour l’accomplissement des basses besognes projetées est motivé par une triple explication : “identitairement” acceptable, franchement dialectique et subtilement diabolique. En effet, le cycle de la microbiologie dépend de la bactérie elle-même, mais aussi du produit à partir duquel elle sera isolée.

Mais qui sont ces superwomen de l’homo-diversité à la française ? Elles sont deux brillantes oratrices au verbe facile, photogéniques, avec une aisance déconcertante devant les caméras et au faciès qui défie l’ordre républicain établi. Fadela Amara est militante de gauche, fille d’émigré algérien, brillant cursus, rebelle, blonde ; elle n’est ni pute, ni soumise et elle s’en revendique. Rachida Dati est militante de droite, issue d’un mariage mixte algéro-marocain, enchevêtrée entre un cursus médiocre et un curriculum vitæ des plus fournis, éprise de sa personne, brune ; elle est “pute” et soumise et elle s’en revendique.

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Fadela Amara
Photo © MEDEF

Pour arriver à forger son statut social, Fadela Amara a valsé entre Fatma N’Soumer [1] et Jeanne d’Arc. Pour les mêmes raisons, sa collègue Rachida Dati a utilisé le grand écart : elle incarne, à la fois, la classe de Christine Deviers-Joncourt dans son côté « putain de la République » et la disgrâce d’Édith Cresson, dans son côté « soumise de l’Élysée ». Les deux secrétaire d’État et ex-ministre issues de la diaspora maghrébine ont un charme certain. Quant à leur rendement, je ne pourrai me substituer au contribuable français qui assure leur engraissement. Et là, c’est déjà une autre histoire de beurettes de la République qui s’écrira bien un jour… mais au temps imparfait !

Notes

[1] Résistante algérienne (1830-1863), qualifiée de la Jeanne d’Arc Algérienne par l’historien Louis Massignon.


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