Charlie enchaîné

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Les douze petits nègres et +

samedi 17 janvier 2015, par Nelly LIODENOT

Ils étaient douze apôtres. Chacun son style. Chacun sa spécialité. Douze petits nègres blanc-beur, douze petits lus, parfois beurrés, car ils aimaient rire, chanter, discuter, picoler, bien manger et dessiner — aujourd’hui décimés. Des humo-sapiens munis d’armes redoutables : des crayons à fous-rires, des encres colorées qui ont coulé rouge sang et des larmes à la fin.

Ils avaient dans les veines du René Char, Charlie, et aujourd’hui Char gît d’avoir été chargé.

Leurs petits dessins jouissifs avaient mis des étoiles dans nos yeux, plus d’une fois, et nous avons gloussé, un peu gênés aussi par leur culot et leurs outrances. Ils nous faisaient entendre d’autres chansons moins raisonnables : ces char-donnerets donneraient encore du fil à retordre à nos esprits classiques par la fantaisie de leurs plumes, leur regard différent sur les puissants et les faux-culs. Ils nous montraient les Sarko-phages et ceux qui volent en ski, ou en vélo, un Borloo, celui qu’a bu, et tous les tarabiscotés de tous bords, avec leurs grigris, leurs Carla, leurs amis de trente ans et tutti quanti.

Hommage.

Dommage qu’ils ne se soient pas réunis ce mercredi au bistrot du coin — coin-coin, merci Le Canard —, avec Bernard, le meilleur des maris. Dommage qu’ils soient allés sagement au charb...on aurait pas eu à les pleurer pour des babioles.

Les tueurs, ces hara-qui rient pas, ont planté nos oursons, mais nous ont laissé Luz, la lumière. Et ça, ils ne l’ont pas fait exprès.

Nelly Liodenot, 14 janvier 2015


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