mardi 31 août 2010, par Charlie enchaîné
Les marchés, scrutés autant que divinisés par les analystes, expriment l’inconscient du capitalisme. Ils sont confiants, euphoriques, optimistes, pessimistes, incrédules, désemparés, apeurés, menaçants (on le voit avec la crise grecque), mais surtout implorant, suppliants, réclamant l’aide de ceux-là même qu’ils mordent. Ils sont ignorants comme des enfants. Devant leurs convulsions, les analystes et les économistes, les journalistes financiers, sont ravis, inquiets, étonnés ; ils bercent et supplient, ne grondent jamais, mais admonestent les parents, et d’abord les États, qu’ils enjoignent de nourrir, de soigner, de calmer, de cajoler ce bébé, qui, comme tous les bébés, est constamment insatisfait. L’enfant veut du lait et du maternage, les marchés veulent du liquide et de la protection. Qu’ils boivent et qu’on les laisse jouer en paix. Alors qu’une bonne déculottée suffirait à les calmer, les « experts » s’empressent, tordent les mains, supplient les rois du monde de se calmer, oui, bien sûr que la liquidité va arriver, là, tétez, mes amis. Après avoir liquéfié les créances immobilières pourries, on liquéfie les créances publiques douteuses, qui ne sont que les créances immobilières peintes en créance publique. Jean-Claude Trichet tend ses bienveillantes mamelles en monétisant aujourd’hui de la dette publique douteuse.
« La crise comme suicide manqué du capitalisme » (extrait), par Oncle Bernard, Charlie Hebdo n°949, p. 6, 25/08/10.
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