lundi 27 juillet 2009, par Charlie enchaîné
Ces hommes et ces femmes, laissés sur le carreau à cause ou au prétexte d’une « crise » financière qui transforme le monde du travail en friche industrielle, menacent de détruire « l’outil de production » pour faire pression sur un système économique qu’ils estiment, à juste titre, responsable de la situation. Sauf que le système économique en question se fout de l’outil de production comme de sa première stock-option. Il y a belle lurette que les traders, actionnaires, dirigeants et autres « seniors managers » ne savent plus ce qu’est une usine — s’ils l’ont jamais su. Leur seule préoccupation, c’est de créer, à coups de capitalisations boursières, de fusions-acquisitions, de restructurations, de délocalisations et autres opérations du Saint-Esprit financier, non pas de la production, mais de l’argent virtuel, qu’ils se dépêchent d’empocher avant qu’il retourne au néant dont il est issu. L’ouvrier, la machine, l’entreprise même, n’existent pas dans leur monde. Menacer de détruire un site pour les impressionner, c’est d’une certaine manière se battre avec une arme chargée à blanc : ça fait du bruit, mais ça ne va pas plus loin.
« À la manivelle — La bobonne finale » (extrait), par Gérard Biard, Charlie Hebdo n°892, p. 4, 22/07/09.
Illustration par Cardon, Le Canard enchaîné, 22/07/09.