Charlie enchaîné

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Épisode III

Les raisons de la bonne affaire immobilière des Sarkozy

jeudi 15 mars 2007, par Charlie enchaîné
mise à jour : dimanche 30 septembre 2007

Alors que l’affaire du duplex de Nicolas Sarkozy disparaît petit à petit de l’actualité, le « Canard enchaîné » a poursuivi son enquête à la « conservation des hypothèques des Hauts-de-Seine Nord ». Nicolas Beau et Hervé Liffran s’y sont à nouveau rendus pour découvrir les faveurs que l’ancien maire de Neuilly accordait au groupe Lasserre au milieu des années 90.

Dans son édition du 14 mars 2007, le « Canard » évoque une nouvelle fois -la troisième !- l’appartement que le ministre de l’Intérieur avait acquis en 1997 sur l’île de la Jatte. Cette fois les journalistes se sont intéressés de plus près au promoteur immobilier qui a construit les immeubles sur ce coin agréable des bords de Seine.

L’hebodmaire annonce que le « maire Sarko [lui] a concédé un rabais de 775 000 euros », avant d’acheter son duplex « avec une ristourne de plus de 300 000 euros... » Ce qu’on appelle un renvoi d’ascenceur. Le journal précise qu’« [il] détient la copie [des] documents » prouvant ce qu’il avance.

On se souvient que dans sa précédente édition, suite aux réponses écrites du candidat à l’élection présidentielle, le « Canard enchaîné » avait reproduit plusieurs fac-similés mettant celui-ci en cause [1]. Cette semaine, les journalistes évoquent les permis de construire qu’ils ont consulté aux archives de la conservation des hypothèques des Hauts-de-Seine Nord.

Fin septembre 1994 « le maire de Neuilly, Nicolas Sarkozy, signe le permis de construire n°94D0012 en faveur de la société Lasserre », chargée de construire trois immeubles sur l’île de la Jatte, une ZAC « créée par le maire Sarkozy. » La gestion de cette dernière est confiée à la Sem 92, une société d’économie mixte des Hauts-de-Seine « où Sarko ne compte que des amis. »

Faveurs en cascade

Un an après, la mairie et la Sem 92 accordent une première faveur au promoteur immobilier : celui-ci obtient le droit de n’acquérir que deux parcelles sur les trois (« [il] aurait dû [les] acheter en une seule fois »), avec en prime deux ans de délai pour régler l’achat. Ce qui ne l’empêche pas non plus de commencer les travaux, « y compris sur les terrains qui ne lui appartiennent pas encore. »

Mais le plus beau reste à venir. Alors que « la vente des premiers lots est réalisée au tarif de 10 013 F hors taxes le mètre carré », le reste des terrains, que le groupe Lasserre se décide finalement à acquérir en avril 1997, ne coûteront à ce dernier que « 8 000 F hors taxes le mètre carré constructible. » Le « Canard » évalue l’économie réalisée à 5 080 000 F, soit 775 000 euros.

Nicolas Sarkozy justifie cet écart par une « crise de l’immobilier » en 1997 à Neuilly [2]. Un crise qui, selon l’hebdomadaire satirique, « a bon dos. » Les journalistes écrivent que, d’après une « étude de la direction régionale de l’équipement de l’Île-de-France fondée sur les actes notariés », la crise remonte au début des années 90 et qu’en 1996 celle-ci n’était déjà qu’un mauvais souvenir, « particulièrement à Neuilly. »

P.-S.

À la une de ce même numéro du « Canard enchaîné », un court article anonyme intitulé « On Nanterre ? » ironise sur la « nomination du juge Philippe Courroye au poste de procureur de la république à Nanterre », « deuxième parquet de France », par le ministre de la justice Pascal Clément, « qui est passé outre l’avis défavorable du Conseil supérieur de la magistrature. »

Non seulement le tribunal de Nanterre « conserve pieusement » un dossier sur les emplois fictifs de la mairie de Paris (concernant le futur-ex président de la République et futur justiciable Chirac), mais aussi c’est lui qui est « compétent » pour ordonner une éventuelle enquête sur les achats de l’ancien maire de Neuilly Sarkozy.

Du coup, le « Canard » « tremble » pour les deux hommes d’État, qui « ne doivent pas en mener large. » D’autant que d’après Clément, « Courroye est un immense magistrat et un modèle d’indépendance. » On ne doute pas que « son amitié avec Sarko », révélée par l’hebdomadaire satirique, ne l’empêchera pas de le poursuivre, en toute « indépendance » !


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