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Les trois leçons de Raymond Barre

samedi 10 mars 2007, par Charlie enchaîné
mise à jour : mardi 13 mars 2007

Patrice Lestrohan, pour le « Canard enchaîné » (07/03/2007), et Stéphane Bou, pour « Charlie Hebdo » (07/03/2007), sont revenus sur des propos tenus à l’antenne de France Culture par Raymond Barre.

À 83 ans, on peut attendre d’un homme, ancien responsable politique de premier plan [1], que chacun de ses propos soit « une leçon de sagesse ». C’est ainsi que fut présenté Raymond Barre au début de l’émission « Le rendez-vous des politiques » le 1er mars 2007 sur France Culture.

Mais le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1988 a, écrit le journaliste du « Canard », « trouvé le moyen en une seule émission de faire l’éloge de Gollnisch, de justifier le comportement d’antan de son ancien ministre du Budget, Maurice Papon, et, à propos de l’attentat de la rue Copernic (octobre 80, quatre morts) de fustiger un certain “lobby juif” plutôt que le poseur de bombe. » [2]

Dans « Charlie », Stéphane Bou parle d’un « grand moment de radio et de gérontologie au cours duquel Raymond Barre paraît pouvoir expirer à la fin de chaque phrase. » Cette analyse semble partagée par Patrice Lestrohan qui conclut, suite aux paroles du désormais « aspirant [au] rôle de vieux sage (droitier) de la politique naguère occupé par Antoine Pinay » se sentant victime du « lobby juif (...) capable de monter des opérations indignes » : « Victime peut-être aussi d’un accès de gâtisme qui lui fait lâcher des propos indignes qu’il retenait jusque-là. »

Le journaliste de « Charlie Hebdo » écrit par ailleurs que Raymond Barre « persiste et signe sur divers dossiers où il s’était déjà fait remarquer sans jamais renier ses positions. » [3] L’auteur de l’article du « Canard enchaîné » précise que « Raymond », « interrogé sur le jugement au moins malheureux qu’il avait porté, à l’automne 80, sitôt après l’attentat de la rue Copernic », est « bien loin de se repentir, ou de s’autocritiquer ». Au contraire, « Barre s’enfonce ». À défaut de s’enterrer.

Honoré - Barre réhabilite Papon

P.-S.

Dépêche AFP reprise par lemonde.fr (02/03/2007) :

Le Conseil représentatif des institutions juives de France se dit "scandalisé", vendredi 2 mars, par les propos de l’ancien premier ministre Raymond Barre, qui, dans une interview sur France-Culture, a défendu Maurice Papon et Bruno Gollnisch, et parlé de "lobby juif capable de monter des opérations indignes".

Raymond Barre était invité pour parler de son livre L’Expérience du pouvoir, dans l’émission "Le rendez-vous des politiques" enregistrée le 20 février et diffusée jeudi. Après les questions sur son arrivée au gouvernement, la campagne électorale en cours, il a été interrogé sur Maurice Papon, qui fut son ministre du budget de 1978 à 1981. A la question de savoir si Maurice Papon aurait dû démissionner de ses fonctions à la préfecture de la Gironde, Raymond Barre répond : "Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays, on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu’il s’agit vraiment d’un intérêt national majeur. (...) Ce n’était pas le cas car il fallait faire fonctionner la France." L’ancien premier ministre estime que Maurice Papon a été "un bouc émissaire".

Concernant les propos qu’il a tenus après l’attentat de la rue Copernic en 1980 – "un attentat odieux qui voulait frapper les juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic" –, Raymond Barre rappelle que "dans la même déclaration", il a dit que "la communauté juive ne peut pas être séparée de la communauté française".

Il a parlé de "Français innocents", parce que "les Français n’étaient pas du tout liés à cette affaire". Et il ajoute qu’il y a eu à ce moment "une campagne (...) faite par le lobby juif le plus lié à la gauche". "Je considère que le lobby juif – pas seulement en ce qui me concerne – est capable de monter des opérations indignes, et je tiens à le dire publiquement", a-t-il insisté.

A propos de Bruno Gollnisch, élu FN au conseil municipal de Lyon, condamné pour propos négationnistes, Raymond Barre a maintenu sa position : "J’ai dit en parlant de Bruno Gollnisch que je blâmais ce qu’il avait dit mais que pour le reste, je l’avais connu et que c’était un homme bien."

Notes

[1] Il a notamment été député du Rhône (1981-2002), maire de Lyon (1995-2001), mais surtout Premier Ministre (1976-1981) (source : Wikipédia).

[2] Se reporter au Post-Scriptum pour un aperçu des phrases prononcées par M. Barre.

[3] Voir par exemple cet article datant de 2005 pour les points concernant Gollnisch et Papon.


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