Pas deux poids, deux mesures...

La mémoire des hommes
est bien courte et partiale,
surtout quand il s’agit
de justice martiale.

L’hégémonie mondiale
du pays d’Oncle Sam
nous demande aujourd’hui
que nous commémorions
en grand-cérémonie
la chute des avions
sur la queue d’la Gross’Pomme,
cela fera sept ans.

Onze septembre deux mil un :
la mort de trois mille hommes,
des civils innocents,
victimes de musulmans
terroristes pleins de haine
aveugle et inhumaine
et assoiffés de sang.

Mais qui donc à présent
se souvient encore
des cent trente mille morts
en deux bombes seulement,
deux fractions de secondes,
de terribles instants
qui pèsent sur le monde,
ces civils japonais,
ces femmes et ces mômes
massacrés par l’atome
pour la première fois
sans scrupules ni regrets
par les États-Unis,
et de la pollution
et des irradiations
qui lors en résultèrent ?

Hiroshima, Nagasaki,
avant de compatir
au World Trade Center
et de se souvenir
de ses deux tours jumelles,
il faut qu’on se rappelle
les innocentes victimes
de cet autre grand crime,
quarante-trois fois pire,
autrefois perpétré
contre l’humanité
il y a soixante-trois ans,
le six et le neuf août
mil neuf cent quarante-cinq !

À ces donneurs d’leçons
qui pleurent à leur tour
sur le sort des deux tours
je voudrais aujourd’hui
leur donner, moi aussi,
une leçon d’histoire.

Qu’ils sachent sans détour
qu’ils n’ont pas ce pouvoir,
jamais n’effaceront
la honte de la bombe.

Devant toutes ces tombes
il n’est point de pardon,
point d’excuses, point d’oubli,
même longtemps après
il faut payer le prix
pour le mal qu’on a fait.

L’homme encor se souvient
du destin de Caïn :
Dieu jamais ne soutient
le clan des assassins !