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Péripéties ferrovières

samedi 3 novembre 2007, par Brizann
mise à jour : vendredi 2 novembre 2007

La SNCF n’est plus ce qu’elle était par le passé. Où sont passées confiance et — dirais-je même — tendresse pour cette vieille "institution" ?
Ces trains qui furent longtemps sources de rêves et de voyages sont-ils devenus sources de cauchemars et de tracas ?
Un exemple.

J’arrivai à la gare bien en avance.
Mon train était marqué sur le tableau,
Aujourd’hui de toute évidence,
J’arriverai à l’heure ; quel pot !
Je me considérais comme chanceuse
D’avoir échappé à la grève des cheminots.

J’achetai au kiosque quelques lectures
Histoire de faire passer le temps.
Puis, je me rendis sur le quai B
Placide, docile et rassurée.
Je me disais que le train, c’est sûr...
Certainement mieux que la voiture.

Le panneau électronique me confirmant
Que mon train arrivera incessamment,
Je posai mon encombrante valise
M’assis et feuilletai mon magazine.

Tout à coup, j’entendis une sorte de brouhaha
Il y avait des protestations autour de moi.
Je levai le regard sur les autres voyageurs
Qui regardaient furieux, le panneau annonceur.
J’ouvris des grands yeux étonnés
Le panneau indiquait : « supprimé » !

De concert, nous partîmes tous à l’accueil
Pour avoir une explication de cet écueil.
L’employé nous expliqua que cette suppression
Qui ne devait intervenir que la semaine prochaine
Finalement venait de se produire à cette minute même.
Et si nous n’avions pas été prévenus de cette information
C’est que cette petite gare ne l’avait pas été elle-même.

Heureusement, pour nous transporter à une autre gare
La SNCF mettait en place une navette, un confortable car.
Là bas, nous pourrions tous ainsi attraper un train
Qui nous mènerait à notre destinée, c’est certain.
Mon arrivée serait du coup tardive, car à 22 heures.
Qu’importe ! Nous pouvions partir, quel bonheur.

Je vis près de moi une jeune fille pâlotte
Elle m’expliqua qu’elle devait prendre une liaison
Et que n’étant pas habituée à voyager en train
Elle se trouvait fort ennuyée et dépourvue
À l’idée de devoir peut-être passer la nuit
Faute de liaison, dans une grande ville inconnue.

En attendant la navette promise, il me prit l’envie habituelle
De soulager une certaine et répétitive obligation naturelle.
Je me décidai donc à me rendre en un public lieu intime
Auquel pour accéder je me soulageai d’abord de 20 centimes.
Quel ne fut pas mon effroi de constater avec grande horreur.
Que ces latrines étaient transformées en une crue de puanteur.
C’est bien cher payé de devoir soulager la nature
Au risque d’attraper diphtérie et malignes tumeurs.

Une heure plus tard, le car affrété arriva tout pimpant.
Or, pluie, travaux sur la route, nous doutions d’arriver à temps.
Le chauffeur nous rassura quand il téléphona à la gare ;
« Le train nous attendra. Ils sont prévenus du retard. »

Lorsque à l’autre gare nous arrivâmes
C’est avec grande et forte amertume
Que nous vîmes le cul de notre train
S’éloigner sereinement dans le lointain.
Loupé ! Il ne nous a point attendus !
Promesse faite et non tenue.
Il n’y avait plus ce soir là, train ou liaison
Qui pouvait me mener à ma destination.

Je commençais à douter fortement...
N’était-ce point là, fourberie et négligence
Peut être dues à une grève insidieuse ?
Une mauvaise étoile brillait dans mon firmament.
Ne l’y aurait-on point mise volontairement ?
Et malgré l’enveloppe de remboursement
Promise par l’agent un peu trop doucereux
Montait en moi une colère sourde.
Et je me pris à rêver de mordre
Tout individu en uniforme bleu.

La jeune fille était livide. Plus de train pour aujourd’hui.
Elle téléphona à ses parents : « Au secours ! Venez me chercher ! »
Heureusement que son aventure ne l’avait pas menée
À cent lieues, dans une région où elle ne connaissait nenni.

Quant à moi, j’avais la chance de connaître dans cette cité,
Une parente qui m’offrit généreusement le gîte et le dîner.
Le lendemain je pus enfin trouver un train
Pour me mener à mon bourg lointain,
Avec seulement 40 minutes de retard.
Si l’on ajoute à cela les péripéties de la veille
Je fis donc quatre cents kilomètres de voyage
Aussi « rapidement » qu’aux temps jadis, en calèche !

Moralité de l’histoire :
Rien ne te sert de gémir
En train, il ne faut point partir


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