lundi 18 mai 2009, par Charlie enchaîné
mise à jour : mercredi 27 septembre 2017
Le nom de Philippe Val pour prendre la direction de France Inter circule depuis début avril dans les rédactions parisiennes. Charlie Hedbo, dans un communiqué publié sur son site internet le 12 mai 2009, a indiqué que son directeur de la publication et de la rédaction allait rejoindre son ami Jean-Luc Hees, récemment nommé à la tête de Radio France, au sein de la Maison ronde pour des fonctions non encore précisées.
Pourtant, sur cette affaire, Le Canard enchaîné aura été jusqu’à présent d’une relative discrétion. On l’avait déjà remarqué au cours de l’été 2008, l’hebdomadaire satirique s’était démarqué de la majorité de ses confrères en se plaçant au-dessus de la mêlée en traitant l’« affaire Siné ». Le journaliste du Canard Jean-Luc Porquet comptait les points et appelait implicitement à plus de retenue de la part des deux parties.
Le Canard enchaîné a peu commenté — généralement de façon anecdotique et laconique — la nomination de Jean-Luc Hees à la présidence de Radio France. On retiendra toutefois un article du même Jean-Luc Porquet intitulé « Hees bien raisonnable ? » paru le 15 avril dernier. Le journaliste du Canard y moquait essentiellement le nouveau mode de désignation des patrons de l’audiovisuel français décidé par Sarkozy, en particulier le « pantalonnade » que constitue, selon lui, l’audition devant le CSA d’un candidat unique imposé par le pouvoir.
À propos de Hees, J.-L. Porquet relevait que ses « qualités sont reconnues dans la maison (ronde) ». Mais il notait aussi que pour son audition, le futur pédégé n’avait « pas vraiment potassé le dossier ». Concernant les rumeurs autour de Philippe Val, Le Canard n’en disait pas plus que le reste de ses confrères, à savoir que selon Jean-Luc Hees « l’amitié est un mauvais critère pour effectuer des nominations »...
Dans son édition du 13 mai 2009, Le Canard enchaîné publie un dessin de Pétillon — signataire d’une pétition en faveur de Siné — intitulé « Val va rejoindre Radio France » (voir ci-dessous). On y voit le désormais ex-directeur de Charlie s’interroger, pendu à son téléphone : « Et si je nommais Stéphane Guillon à Charlie ? » Le Canard avait révélé que le chroniqueur de France Inter Stéphane Guillon agaçait particulièrement le président de la République. Selon de mauvaises langues, Philippe Val aurait pour mission de virer l’impertinent de l’antenne de France Inter...
Le relatif silence du Canard enchaîné sur le cas de Philippe Val peut avoir différentes raisons. D’abord, ce dernier a officialisé son départ de Charlie Hebdo pour Radio France le jour de bouclage de l’hebdomadaire satirique : un peu court pour pondre un article à ce sujet. Peut-être le journal se rattrapera-t-il mercredi prochain ? Rien n’est moins sûr.
Le Canard enchaîné et Charlie Hebdo entretiennent une relation quelque peu ambiguë. Rares sont les fois où l’un parle de l’autre, et réciproquement, comme en témoigne le peu d’articles figurant dans la présente rubrique. Philippe Val a fait part à plusieurs reprises de son estime à l’égard du presque centenaire et toujours vaillant palmipède, en particulier lors de la parution du livre-enquête Le vrai Canard. D’un autre côté, Claude Angeli (rédac’ chef du Canard) ne considère pas véritablement Charlie comme un concurrent. Les deux hebdomadaires satiriques ont donc peu de raisons de se tirer dans les pattes.
Mais maintenant que Philippe Val ne dirige plus Charlie Hebdo et qu’il est amené à prendre des responsabilités dans le service public, il est possible qu’à l’avenir Le Canard enchaîné se montre moins tendre à l’égard de sa personnalité.