jeudi 31 décembre 2009, par Hadi Taibi
Sarkozy et ses sbires refusent de débarrasser cette droite pour débloquer la situation et permettre une fluidité de la circulation, notamment pour toutes ces personnes qui se retrouvent comme prises dans un piège. Ils savent pertinemment que leur présence grotesque et ridiculement introvertie de ce côté-ci de la chaussée est la cause essentielle de la turgescence de l’impulsion sociale, mais ils s’obstinent, malgré tout, à ne pas dévier de leur plan de balade préalablement défini. Telle une machine, ils produisent des images uniquement en faisant mine de suivre leur instinct. Ils agissent à travers une excitabilité totalement erronée et ils tentent de propulser la nation vers des lieux de leur seul vouloir et avec les moyens de leur seul pouvoir. Sauf qu’en l’absence d’une volonté claire et évidente, c’est la portion en l’homme qui dit « je veux donc je peux » qui se discerne souvent, en lui, comme étant la partie exténuée.
On rivalise d’ingéniosités. On croit tout bonnement qu’une fois allégé de son contenu, le contenant devient plus malléable. Une France dégagée du fardeau de ses immigrés se faufilerait plus aisément entre les mailles culturelles et sociales pour atteindre les cimes de l’émancipation supposée. Pour ce faire, on n’hésite pas à convoquer les méthodes les plus xénophobes, à l’image de cet euphémisme, en vogue durant l’ère soviétique, sous Staline, où l’on a inventé pour les besoins de la propagande communiste, le « cosmopolite sans racine ».
Atteindre l’idéal d’unification des institutions économiques, politiques, linguistiques, juridiques et religieuses est noble en soi ; le fait de toucher à l’universalité sans renier sa particularité reste une entreprise plausible. Et ce qui sera possible pour l’univers le sera incontestablement et de façon autrement plus souple pour la France. Tout autoritarisme qui tend à faire aboutir le projet de l’identité nationale, avec toute l’ampleur et la sensibilité qui la caractérisent, vaudra à ses concepteurs une indigestion mentale qui leur restera au travers du cerveau comme de la nourriture avariée dans l’estomac.
L’hégémonie identitaire n’est certainement pas observée pour le seul plaisir de dominer l’autre ; elle permet aussi aux tenants de cet absolutisme véreux de se cramponner à une illusion de puissance et de solidité. Le moindre relâchement de leur part entrainerait leur chute dans leur faiblesse de base. Et là, il ne s’agit plus simplement du Code de la route, mais, plus gravement encore, du domaine de la psychiatrie.