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Quand Charlie Hebdo réhabilite Denis Robert

samedi 10 octobre 2009, par Charlie enchaîné
mise à jour : mardi 2 novembre 2010

On l’a un peu oublié, mais l’une des raisons probables pour lesquelles Siné a été renvoyé de Charlie Hebdo par l’ancien directeur Philippe Val est que le premier avait ostensiblement pris la défense de Denis Robert, après que le second s’en était assez violemment pris au journaliste d’investigation dans les colonnes du journal [1]. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, aujourd’hui, Denis Robert est un collaborateur régulier de Siné Hebdo. Entre-temps, Siné a donc fondé son hebdomadaire et Philippe Val a pris la tête de France Inter. Et Laurent Léger, journaliste enquêteur passé par Rue89 et Bakchich, a rejoint l’équipe de Charlie Hebdo en tant que pigiste. Cette semaine, il effectue un (long) compte-rendu du très médiatique « procès Clearstream », illustré par Tignous. Extrait.

« Procès Clearstream — Les juges et les prévenus »

Denis Robert, un journaliste égaré parmi les fauves.

À l’extérieur du prétoire, les scuds fusent entre Villepin et Sarkozy. Dans la salle d’audience, les deux fauves se déchirent par avocats interposés. Denis Robert, pauvre pion que les juges d’instruction ont traduit devant le tribunal, n’a rien à faire dans cette mêlée. Mais comme la justice veut se payer Villepin pour avoir soi-disant détenu les listings, tous ceux qui ont eu ces documents en main avant l’ex-Premier ministre doivent aussi être poursuivis.

Un jour, tout à son enquête sur les méfaits supposés de Clearstream et les ravages des paradis fiscaux, Denis Robert a reçu des mains d’un salarié d’Arthur Andersen la liasse des comptes bancaires de la chambre de compensation. Florian Bourges avait été chargé d’un audit et était parti, sa mission finie, la mallette pleine de documents, ce qui lui vaut d’être jugé. Plus tard, Imad Lahoud est venu chez le journaliste récupérer ces listes de comptes. Ces documents seront par la suite trafiqués et serviront de base à la manipulation, mais Denis Robert n’y est pour rien. Peu de confrères l’ont soutenu, même ceux qui obtiennent des documents d’origines pas toujours avouables, issus de procédures d’instruction ou de dossiers secret-défense, à qui pareille mésaventure pourrait arriver…

Denis Robert se dit serein. « J’ai simplement fait mon métier. » Il lui faut néanmoins s’expliquer, revivre l’histoire de son combat pour la vérité sur cette maudite multinationale qui a mangé sa vie depuis son premier livre sur le sujet. Des dizaines de procès lui ont été intentés. Il est passionné et émouvant. « Je me rends compte que dans ce pays c’est parfois difficile de dire le réel », dit-il, la voix cassée. Cette « putain d’histoire de corbeau », il en a été le pantin, le socle. Son enquête a été piétinée. À la barre, Lahoud assure qu’il fallait le manipuler à cause de l’amitié entre le journaliste et le juge Van Ruymbeke, afin que le magistrat enquête sur Sarkozy.”

« Procès Clearstream – Un ministre, un cerveau, un corbeau, et toujours le brouillard » (extrait), par Laurent Léger, Charlie Hebdo n° 903, pp. 8-9, 07/10/09.

Notes

[1] On pourra se rafraîchir la mémoire en consultant cet article de Charlie enchaîné : « L’“affaire Siné” dans Le Canard enchaîné ». À lire également, un billet paru sur le site Agoravox : « Denis Robert debout, Philippe Val couché ».


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