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Récréation

Quelques anecdotes sur Le Canard enchaîné

mercredi 9 mars 2011, par Charlie enchaîné
mise à jour : jeudi 31 mars 2011

Der Spiegel Online consacre un article — traduit en anglais — au vénérable « journal satirique paraissant le mercredi ». Le site allemand rapporte un certain nombre d’informations anecdotiques sur l’hebdomadaire, dont Charlie enchaîné n’avait pas connaissance jusqu’à présent.

Une atmosphère très seventies dans les bureaux

La rédactrice de l’article du Spiegel, Britta Sandberg, décrit les locaux du Canard enchaîné comme figés dans le temps, « comme si tout avait été gelé au début des années 1970 ». Les dossiers s’entassent dans des chemises cartonnées couleur pastel sur des bureaux encombrés, « à côté de téléphones noirs avec des boutons géants datant d’avant l’invention de l’écran », poursuit la journaliste.

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Un bureau au Canard enchaîné
Photo : Myr Muratet / Der Spiegel

De fait, l’un des premiers fait d’armes célèbres du Canard enchaîné remonte à 1972. Cette année-là, l’hebdomadaire satirique dévoile la feuille d’imposition du premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Pendant quatre ans, il n’avait pratiquement rien déboursé, rappelle le Spiegel Online. Dès lors, Le Canard se tourne durablement vers l’investigation, notamment sous l’impulsion de Claude Angeli. À près de 80 ans, dont quarante de maison, ce dernier est un rédacteur en chef toujours très impliqué dans la fabrication de son journal, explique le site allemand.

Toujours selon le Spiegel, plus de la moitié des journalistes de l’hebdomadaire écrivent leurs articles à la main, sur papier, puis les transmettent aux secrétaires de rédaction pour qu’ils les saisissent. Christophe Nobili, l’un des rares à travailler directement sur ordinateur, ironise à propos des bureaux de son journal : « On se croirait dans une scène d’une vieille série policière, n’est-ce pas ? »

Les deux téléphones portables de Brigitte Rossigneux

Brigitte Rossigneux n’est pas seulement celle qui a fait tomber Michèle Alliot-Marie après des révélations sur ses vacances tunisiennes. Selon le Spiegel, elle est aussi connue au Canard enchaîné pour être « la femme aux deux mobiles ». Le premier téléphone lui sert pour le travail, rapporte le site d’information. Le second aussi, mais il change tous les mois : la journaliste en achète systématiquement un neuf, pour 39 euros, avec une nouvelle carte SIM, et met le précédent au rebut. Elle donne le nouveau numéro à un nombre restreint d’informateurs de confiance, afin d’échapper à toute surveillance des autorités.

En juin 2001, Brigitte Rossigneux, alors responsable des Dossiers du Canard enchaîné, avait été victime du vol de son ordinateur personnel, qui contenait des contacts et courriels susceptibles d’intéresser des gradés de l’armée. Les soupçons de la journaliste chargée des questions de défense au Canard se sont naturellement portés sur une opération menée par des militaires, mais l’affaire n’a jamais pu être tirée au clair. Dix ans après, « la femme aux deux mobiles » redouble donc de méfiance…

Les gorges profondes du journal

Dans cet article du Spiegel Online, il est à plusieurs reprises question des sources de l’hebdomadaire le plus craint de la classe politique française. Comment, par exemple, Le Canard a-t-il obtenu ses informations sur le voyage tunisien de Michèle Alliot-Marie ? « On ne révélera jamais nos sources, mais elles sont fiables », répond Brigitte Rossigneux. De fait, MAM a été éjectée (sans parachute) de son poste de ministre des Affaires étrangères. En outre, l’hebdomadaire n’a pas perdu de procès depuis cinq ans, note le site allemand [1].

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Claude Angeli
Photo : Myr Muratet / Der Spiegel

Der Spiegel décrit une sorte de « schizophrénie » française. Les informateurs du Canard se trouvent en effet dans les ministères, dans les services d’espionnage, dans l’armée ou même à l’Élysée. Il s’agit, selon la journaliste allemande, de lanceurs d’alertes, soumis à leur hiérarchie, qui dénoncent ce qui leur déplaît dans le fonctionnement des institutions. Ils rencontrent les rédacteurs de l’hebdomadaire le soir, aux bars des grands hôtels, pour dévoiler les petits secrets de la République..

Claude Angeli récuse toute forme de manipulation. « Je connais la plupart de mes sources depuis des années. Nous vérifions scrupuleusement chaque information, et nous les publions seulement si elles sont confirmées par deux sources indépendantes », affirme le rédac’ chef. Parfois, le journal a des infos sur « qui couche avec qui. On en rigole en conférence de rédaction, mais on n’écrit jamais rien là-dessus. »

P.-S.

À (re)lire sur Charlie enchaîné :
- « Claude Angeli portraituré par le New York Times »
- « Portrait radiophonique du Canard enchaîné »

Voir en ligne : French Weekly ‘Le Canard Enchaîné’ Ruffles Feathers in Paris

Notes

[1] À noter que Le Canard enchaîné sera jugé le 18 mars pour un article sur Jeannette Bougrab. Un autre procès en diffamation par l’Autorité des marchés financiers demeure en suspens. Ajout du 10/3. Le Canard enchaîné a été condamné en première instance le 15 décembre dernier pour avoir diffamé l’époux de Christine Lagarde.


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