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Si Versailles m’était conté...

mardi 23 juin 2009, par Sarkophage

Aujourd’hui, la France marche cul par-dessus tête. Nous vivons la grande Régression en même temps que la récession et le progrès avance à reculons. Car, si Versailles fut longtemps le musée de cette monarchie anachronique dont il avait été le symbole historique, le voici à présent devenu le mausolée de la démocratie républicaine où le roi Sarko Ier a l’outrecuidance de convoquer les représentants du peuple, le Tiers-état, pour leur communiquer ses directives du haut de ses talonnettes. Tant de têtes coupées pour rien de 1789 à 1793 doivent faire se retourner dans leurs tombes les mânes de Marat, Robespierre et Saint-Just. Et pourtant ce mégalomane n’a pas la stature de Louis XIV, loin s’en faut, même s’il en a les talonnettes...

Et même si nous sommes quelque peu revenus aux dépenses fastueuses et autres pratiques de Cour d’un autre âge, en vigueur sous l’Ancien Régime — favoritisme, népotisme, primes à la trahison, distribution d’offices et de décorations pour services rendus, nomination des responsables des divers médias publics pour mieux contrôler l’opinion, suppression des juges d’instruction pour avoir la mainmise sur la Justice, le tout aux fins de mettre le pays entier à la botte de son chef tout puissant —, cela n’empêche pas celui-ci, dépourvu de la plus élémentaire éducation et culture, d’être plus proche de l’image du bouffon du roi, nain ridicule coiffé de son bonnet pointu à clochettes, que de celle du souverain absolu qu’il rêve pourtant d’endosser comme un habit beaucoup trop grand pour lui.

S’il est avéré que le singe s’efforce d’imiter l’homme, notre planète politique est bien devenue celle des singes. On ne se contente plus de vouloir supprimer toutes les conquêtes sociales de Mai 68 mais nous voici quasiment replongés dans l’esprit de l’obscurantisme moyenâgeux et l’on peut avec inquiétude se demander à quand le retour du servage, de l’arbitraire judiciaire voire bientôt, pourquoi pas, la reconstruction de la Bastille... Quand donc le peuple français va-t-il enfin se réveiller et descendre dans la rue comme il a su le faire par son passé glorieux pour abattre cette tyrannie, à peine déguisée sous un voile de démocratie, qui ne dit pas son nom ?

P.-S.

En illustration, couverture de « La Cour » (dessin de Cabu), un « Dossier » du Canard enchaîné paru en avril 2009.

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