Il faudra peut-être envisager sérieusement d’enrôler toute la robustesse cérébrale de Saint-Cyr et la vigueur d’analyse de ses stratèges pour signifier aux bureaucrates parisianistes la logique qui devrait présider à la résorption d’un déficit. Celui-ci, quel qu’il soit, et dans tout système comptable de par le monde, obéit à deux règles fondamentales et basiques : augmenter les recettes ou diminuer les dépenses. Ça parait trop con comme raisonnement. Mais, il vaut tout de même mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie pour des choses intelligentes.
Augmenter les recettes implique de passer par l’augmentation du nombre de cotisants, donc avoir moins de chômeurs sur le marché de l’emploi, ce qui parait difficile au vue de la conjoncture économique actuelle. L’autre option, consiste en l’augmentation du taux applicable aux cotisations sociales, ce qui rend le coût du travail encore plus cher qu’il ne l’est actuellement, sans pour autant améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs.
Donc le mythe du « cotiser plus longtemps » en repoussant l’âge de départ à la retraite ne signifie pas qu’on collecte plus de deniers. On ne fait, en réalité, que transposer des annuités supplémentaires de contributions au financement indirect de la retraite (mais aussi du chômage) en les faisant supporter par des préretraités qui partiront plus tard, en empêchant des primo-employés de décrocher un emploi plus tôt. Les premiers cotiseront au chômage qu’ils ne connaitront pas et les seconds bénéficieront de prestations sociales auxquelles ils n’ont pas contribué.
En faisant plus simple, l’exemple de la latrine schématise mieux ce que l’on ne semble pas avoir compris sur la méthode de remplissage d’un coffre. En effet, le bourrage d’une fosse sceptique dépend du volume de la fosse elle-même, mais aussi de la vitesse de remplissage, du nombre de personnes qui l’utilisent et enfin du taux d’accumulation des excréta. Pour la vidanger, on se contente de pomper.
À partir de cet exemple, on est en droit de se demander si la diminution des dépenses ne devient pas sans intérêt. En effet, on se limitera tout simplement à cesser de pomper d’arrache-pied même s’il ne se passe rien, au lieu de risquer qu’il se passe quelque chose de pire en continuant de pomper. La caisse de sécurité sociale n’est pas faite pour gagner de l’argent, ni pour ruiner les citoyens. Elle sert juste de « plan complet d’entraide, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail » (acte fondateur de la Sécu).
Le travail, c’est la santé. Travailler ne peut cependant ni prémunir contre la maladie, ni éviter les accidents qui lui sont liés, ni empêcher les travailleurs de vieillir, ni enfin éviter la constitution de la famille ; ce sont là les quatre postes constitutifs de l’entraide (maladie, accidents de travail, vieillesse et famille) qui consomment la quasi-totalité des budgets cotisés et qui provoquent les déficits enregistrés.
Les « détentions pour compte » collectées par le Trésor sur les taxes sur le tabacs, l’alcool et sur les industries polluantes restent dues à la sécurité sociale ; leur montant dépasse les 20 milliards d’euros. Le trou de la Sécu nécessite 11 milliards d’euros pour être définitivement bouché. Des chiffres à donner le vertige si ce n’était le génie des laboratoires pharmaceutiques, qui ont mis en circulation un nouveau remède sous forme de suppositoire, supposé soulager les fossoyeurs du trou de la sécu, en se l’administrant. Ce médicament, fait à base de Lepénol 50%, commercialisé et remboursé par la Sécu, s’appelle le Sarkozyl®. Prescripteurs, à vos ordonnances !