jeudi 18 juin 2009, par Charlie enchaîné
mise à jour : lundi 29 juin 2009
La diffusion du film Home à la veille des élections européennes a-t-elle favorisé la poussée nationale des listes Europe Écologie ? Charlie enchaîné ne répondra pas à cette question. En revanche, nous relayons plusieurs articles parus dans Le Canard enchaîné et dans Charlie Hebdo, parus avant et après la retransmission du 5 juin 2009.
(Photo © EuropaCorp Distribution)
Dans Le Canard enchaîné du 3 juin 2009, un papier du Professeur Canardeau, intitulé « Home : un film gratuit très payant », relate comment, « en finançant le film écolo du photographe Yann Arthus-Bertrand, l’industriel Pinault s’est fabriqué pour pas cher une image de meilleur ami de la planète... » [1]
François-Henri Pinault, un Home heureux.
D’abord, calcule le journaliste du Canard, Home n’aura coûté à PPR (Pinault Printemps Redoute) que 1,14% de son bénéfice net [2]. En outre, remarque le même, « le sigle PPR figure sur toutes les affiches du film ». Bref, Home c’est surtout « bon pour l’image maison ».
Les enseignes grand public de PPR (Fnac, La Redoute, Conforama) causent en effet pas mal de dégâts. « La Fnac ne vend que des produits high-tech énergivores », Conforama fait venir de Chine « l’écrasante majorité de [ses] meubles » et plusieurs centaines de camions La Redoute sillonnent quotidiennement nos routes, constate le Professeur Canardeau. « Ça en fait du CO2 qui réchauffe la planète... »
Heureusement, on peut compter sur les « marques de luxe » (Gucci, Yves Saint Laurent, etc.) pour redorer le blason écolo de PPR. Le chausseur Sergio Rossi propose par exemple des escarpins « à base de bois liquide » (sic) à 370 euros la paire, tandis que Yves Saint Laurent et Gucci vendent des « tee-shirts en coton bio » pour la modique somme de 140 euros.
PPR s’active pour repeindre le capitalisme en vert.
Le journaliste résume ainsi la politique de la multinationale : « Avant, c’était de nombreux transports pour acheminer des marchandises suremballées et consommatrices d’énergie. Après, c’est la même chose, avec l’intention affichée de faire mieux. » C’est toujours ça de pris !
D’ailleurs — louable effort — ce n’est pas PPR qui touchera les dividendes sonnants et trébuchants de Home et de ses produits dérivés, mais l’ONG de Yann Arthus-Bertrand Good Planet. Une association qui, selon Le Canard enchaîné, « a réinventé le système des indulgences : ceux dont la conscience souffre d’émettre trop de CO2 » lui verse une obole et celle-ci « financera une bonne action écolo » pour compenser la pollution.
On comprend Pinault : la rédemption, ça n’a pas de prix.
[1] Ajout du 19/6. Sur le même thème, lire l’article du site parisArt : « Home, un film gratuit qui fait le bonheur de François Pinault ».
[2] En 2008, PPR a raflé 875 millions d’euros. La production de Home s’élève a 12 millions d’euros. Une goutte d’eau !
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