Charlie enchaîné

Une revue de presse de Charlie Hebdo et du Canard enchaîné.
Et un peu plus.

Accueil du site > Coin des rédacteurs > Chroniques > Un débat sur l’identité nationale, mais laquelle ?

Un débat sur l’identité nationale, mais laquelle ?

mardi 17 novembre 2009, par Sarkophage

Orchestré par le tandem Sarko-Besson, histoire de rassembler des troupes de droite plutôt paumées, passablement désolidarisées, démoralisées du fait de l’avalanche d’affaires et scandales récents, en bref désidentifiées, sous une bannière bleu-blanc-rouge (plutôt que black-blanc-beur) bien franchouillarde. La ficelle est toujours aussi grosse et ne trompe personne.

Quant à moi, je refuse absolument de m’identifier à la France de Monsieur Sarkozy, cette France de la médiocratie, du bling-bling, de la vulgarité, du népotisme, du racisme et qui favorise les nantis n’est pas la mienne. Moi, je me reconnais dans la France dont les principes ont fondé la République, celle de la Convention de 1793, des sans-culottes, de Marat, Robespierre et Saint-Just, du tribunal révolutionnaire de Fouquier-Tinville qui défendait les pauvres et les opprimés contre l’injustice et les privilèges des ci-devant et qui aurait pendu à la lanterne ou raccourci en place de Grève l’actuel gouvernement, elle qui a coupé la tête de Louis XVI pour bien moins que n’en fait le roi Sarko…

La France de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité ! Mais où est passée la liberté quand Alliot-Marie fait inculper et enfermer Julien Coupat sur la foi d’un témoignage fabriqué de toutes pièces et extorqué sous la menace et qu’elle veut faire disparaître la fonction de juge d’instruction, dernier rempart de l’indépendance du judiciaire face à l’ingérence du pouvoir politique ou que Sarko s’arroge le droit de régenter les médias ? Où est l’égalité dans une nation où, tandis que le peuple souffre de la crise économique, on fait des cadeaux aux riches sous forme d’un bouclier fiscal et aux banquiers spéculateurs, où le “président du pouvoir d’achat” commence par doubler son salaire, favoriser sa famille et mène un train de vie de “fonction” plus que princier aux dépens du con-tribuable que même la Cour des Comptes ne peut s’empêcher de stigmatiser pendant que la dette publique s’accroît de façon exponentielle ? Que l’on fait marche arrière sur tous les acquis sociaux (35 heures, réduction du droit de grève par l’instauration d’un service minimum dans la fonction publique, etc.) et en matière de santé publique (déremboursement progressif des médicaments, fermeture des hôpitaux de proximité non rentables) en la privatisant à l’égal des autres services publics. Quant à la fraternité, elle consiste pour le rustre brutal Hortefeux et le social-traître Besson à pourchasser des enfants sans-papiers jusque dans les écoles, séparer des familles et renvoyer des réfugiés dans des pays en guerre au mépris des plus simples lois de l’hospitalité qui faisait jadis la renommée du peuple français, juste pour faire du chiffre et plaire au boss.

PNG - 20.8 ko
« Nation : le rêve de Besson »
Dessin de Delambre (Le Canard enchaîné, 28/10/09)

Alors que reste-t-il ? S’agirait-il d’une identité culturelle ? Mais là, c’est encore pire ! Où est la France de la culture rayonnante du siècle des Lumières, celle de François Villon, de Molière, de La Fontaine, de Diderot, de Voltaire, d’un Victor Hugo en guerre contre Napoléon le petit, d’Arthur Rimbaud, de Louis Pasteur, d’André Breton, Artaud et Jacques Prévert, de René Char, André Malraux et Georges Brassens dans laquelle je me reconnaissais ? Nous sommes hélas entrés dans l’ère de la médiocratie, de la bêtise et de l’ignorance, du “politiquement correct” sans consistance avec un président et ses ministres incapables de même bien utiliser la langue française (cf. les discours de Sarko bourrés d’erreurs grossières de syntaxe). Il est vrai que pour lui, la culture se résume aux chansons inaudibles de son épouse Carla Bruni ou à celles de Mireille Mathieu, Enrico Macias, Johnny Halliday ou même Doc Gynéco !

À travers les singeries de son président, la France est devenue, à l’égale de l’Italie des “Berlusconneries”, la risée de l’Europe si ce n’est du monde entier. Alors non, je ne suis pas fier d’appartenir à cette France-là et je peux reprendre à mon compte et sans réserve aucune les récents propos de Marie NDiaye qui vient de recevoir le Prix Goncourt en la qualifiant effectivement de “monstrueuse”…

P.-S.

Illustration © Honoré (Charlie Hebdo, 04/11/09).

Commenter cet article





Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette