Charlie enchaîné

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« Un mauvais procès » (suite)

samedi 17 février 2007, par Charlie enchaîné
mise à jour : mardi 1er janvier 2008

Silencieux le jour de l’ouverture du procès à l’encontre de « Charlie Hebdo », le « Canard enchaîné » du 14/02/2007 revient sur « l’affaire des caricatures », toujours sur la plume de Louis-Marie Horeau.

À contre-courant de la majorité des grands médias, ce qui est “normal” au « Canard », le journal avait présenté à sa manière le procès, qualifié alors de « mauvais procès », une semaine avant son ouverture, mais ne l’avait nullement évoqué le jour même où il débutait.

Le journaliste du « Canard enchaîné » dénonçait déjà le choix du président du tribunal de Paris, Jean-Claude Magendie, qui, suite à l’audience, « va devoir jouer serrer ». En effet, la présence de François Hollande et de François Bayrou, et l’irruption surprise de Nicolas Sarkozy (par lettre interposée) le premier jour du débat, ont quelque peu changé la donne.

Les personnalités politiques de premier plan se sont logiquement rangées « sous la bannière de la liberté d’expression », mais surtout, le réquisitoire du parquet, qui a demandé la relaxe, n’était pas « prévu ». Magendie, rappelle le « Canard », était à l’origine d’une ordonnance « interdisant une affiche publicitaire qui parodiait la Cène. » Mais ladite ordonnance avait été « réduite en petit bois par la Cour de cassation ».

Enfin, Louis-Marie Horeau raille le président du tribunal, qui lorgne sur le poste de Premier président de la cour d’appel de Paris, et se doit donc de ménager les susceptibilités, par exemple celle de Sarkozy, qui fait partie des « nouveaux convertis (...) [à] la liberté d’expression », et accessoirement est en piste pour l’Élysée. Bref, le « jugement de l’affaire » risque, sous-entend l’auteur de l’article, d’être influencé par toutes ces basses considérations...

P.-S.

Dans le même numéro du « Canard enchaîné », un article en page intérieure, signé F. P. (probablement Frédéric Pagès), ironise sur le « coup de théâtre » qui a eu lieu au procès, et qui a « sidéré l’auditoire ». Il s’agit en fait ni plus ni moins de la lecture de la lettre « sensationnelle » par Me Kiejman, l’avocat de « Charlie Hebdo », adressée par Nicolas Sarkozy. Ce dernier écrivait (on l’a lu et entendu partout) une formule qu’il avait déjà employée lors de la parution des caricatures en février 2006 : « Je péfère l’excès de caricature à l’absence de caricature. »

Le journaliste du « Canard » rappelle que c’est le « même homme » qui a « fait virer » Alain Genestar de la direction de « Paris Match » et qui a « censuré un livre où s’exprimait son épouse ». La voilà ainsi auréolé, « le temps d’un procès » du titre de « champion de la satire ». L’article de l’hebdomadaire satirique se conclut ainsi :

Finalement, nous avons décidé de continuer à satiriser Sarkozy sans changer nos habitudes. Pour le reste, pour l’« excès de caricatures », nous lui faisons entièrement confiance : il s’en charge très bien tout seul.

Dans « Charlie Hebdo » paru le même jour, Philippe Val écrivait à ce propos :

Témoignage de dernière minute, que nous n’avions pas sollicité, celui de Nicolas Sarkozy. Nous acceptons ce soutien et nous nous en réjouissons, car il prouve que dans une démocratie la droite et la gauche s’affrontent sur la bases de valeurs qui ne se discutent pas, et qu’elles partagent clairement. Merci donc à Nicolas Sarkozy, d’autant qu’il sait que nous ne le ménagerons pas pour autant. Son soutien a eu le mérite d’ébranler le conseil du culte musulman qu’il a créé lui-même.

De nombreux dessins caricaturant la position du ministre de l’Intérieur sont parus dans ce même numéro, notamment la couverture, illustrée cette semaine par Cabu (origine de l’image ci-dessous : Les Unes de Charlie Hebdo).

Une de « Charlie », n°765


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