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Un seul corps, trois parties : la tête, le “Tron” et les membres

samedi 23 juillet 2011, par Hadi Taibi, Sarkophage

Pendant que la TÊTE réfléchit aux moyens à mettre en œuvre pour sauver, dans d’autres contrées, des vies menacées par un dictateur excité, les MEMBRES s’affairent à trouver un commissariat assez spacieux et digne du rang d’un ministre démissionnaire pour garder à vue Monsieur TRON, poursuivi pour le chef de « viol en réunion ». Le CORPS est ainsi fait : la tête ordonne, les membres exécutent et c’est le Tron que la justice met en examen. On oublie, en ces instants de grands débats, de garder à vue que deux adolescentes venaient de se faire atrocement assassinées en l’intervalle de quelques heures.

Le système éducatif, scolaire et parental, est immédiatement mis en cause. Le système politique, quant à lui, il s’en sort plutôt pas mal, en justifiant les morts par des facteurs inhérents au manque de vigilance pour la première victime et à la rivalité amoureuse pour la seconde. On drague comme on peut le corps judiciaire, mais c’est le corps électoral qu’on vise.

Le corps calciné de la belle joggeuse des bois dormants doit avoir des remords en ces moments de recueillement à sa mémoire. Sa tête qui avait ordonné à ses jambes d’aller se faire dégrossir, pas loin de chez elle, était loin de se douter qu’elle allait, au milieu des troncs d’arbres, faire la fatale rencontre avec un pernicieux et funeste brûleur de corps. L’adolescente était en âge de passer son bac ; sa tête était suffisamment armée pour savoir si l’art pouvait ou non se passer de science. Sa réponse, on l’imagine, faite de cendre, c’est à partir du monde dans lequel elle fût expédiée prématurément, qu’elle l’envoie à Luc Chatel : la science n’est pas une malchance, tant qu’elle n’a pas encore découvert que la politique était un art.

La seconde adolescente était encore plus jeune pour suggérer une réponse aussi tranchée que celle de son aînée. Elle se serait contentée d’une vague boutade du genre : « Je connais les paroles de la chanson, mais je ne sais pas jouer sa musique ! ». Les notes lui échappent complètement. Elle ne savait pas, au moment où elle avait rendu l’âme, que l’art d’aimer nécessitait, non seulement, une science alibi, mais qu’il lui fallait une raison exutoire comme tête pensante, une banale finalité comme défouloir, et une macabre rivalité comme mouroir. L’assassin, boxeur en herbe, à peine plus âgé que sa victime, aurait fait le même constat, à la différence que le sien peut encore évoluer. Il saura, un jour, que la science est noble, et qu’à cet effet l’art doit s’en éloigner autant qu’il pourra se faire violence.

Des mômes s’adonnent à des jeux d’une brutalité qui atteint des sommets mortels ; pendant ces temps, les adultes, payés pour faire fonctionner leurs têtes pour trouver des solutions au profit des jeunes, ne s’empêchent pas de s’adonner à de vilains jeux de mains pour se masser en réunion, ou pour exhiber en hauts lieux les performances érotiques de leurs dernières vacances.

Il a pris son pied

 Une petite pièce (en vers de 8 pieds)
 pour le Tron des pauvres...
 par Sarkophage

Comme un caillou dans sa chaussure
je vous dis que, la chose est sûre
et sans trop me casser le Tron,
l’affair’ des pieds, ça sent pas bon !
 
D’une politique qui boite
à cette grosse mise en boîte,
c’est plutôt d’une mise en bière
qu’il s’agirait, de sa carrière...
 
Et pour remettre le couvert
je dirai qu’une mise à pied,
comme un bon coup d’pied au derrière,
serait encor plus justifiée.
 
Lors, se méfiant du casse-pieds,
avant de se représenter
se devant de Tron sanctionner
pour montrer l’exemplarité,
 
à coup de pince à épiler
Sarko du pied de l’UMP,
grosse comme un tronc sectionné,
cette épine doit retirer !

Plus que défaillant, le système éducatif est responsable. Le temps où le « petit Robert », par souci de ne pas heurter la sensibilité de ses petits amis écoliers, liait le mot « sexe » à un genre, plutôt qu’un un organe, la maîtresse en usait pour distinguer l’homme de la femme, le mâle de la femelle, le masculin du féminin. Les enfants n’en étaient pas moins heureux. Et ce sont ces enfants qui sont devenus les parents qu’on culpabilise aujourd’hui à tour de bras.

Que peut, en effet, comprendre une maman qui s’occupe avec acharnement du suivi de la scolarité de son enfant, et à sa question relative aux activités du jour, l’enfant, bien élevé, lui fait l’aveu : aujourd’hui ma maîtresse s’est faite brûlée, c’est la maîtresse de Paul qui m’a expliqué à quoi sert un sexe dans la communauté et comment se comporter avec le sexe opposé, en faisant bon usage des machins fournis par le ministère de l’Éducation pour se préserver contre l’invasion des bactéries au cas où les rivalités se multiplient dans un espace réduit.

Hadi Taibi


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