mardi 3 juin 2008, par Charlie enchaîné
« Il veut être le numéro 1 », écrit Didier Hassoux dans Le Canard enchaîné (« Xavier Bertrand — Bonus, malus et... circus ! », 07/05/08). Sarko candidat l’avait choisi comme porte-parole parce qu’« un mec qui vend des assurances à Saint-Quentin, ça [l’]intéresse ». Avant de vendre du Sarkozy, Bertrand était effectivement agent général d’assurances. Désormais, sa principale activité consiste à « vendre du Bertrand », explique le journaliste du Canard, qui décrit le ministre comme un obsédé de la « communication » et de « réseaux » [1], voulant « savoir qui a dit quoi sur qui » avant de tout balancer à la presse.
Pour autant, la notoriété de Bertrand n’est pas tombée du ciel. Anne-Sophie Mercier retrace, dans Charlie Hebdo (« Xavier Bertrand, le chouchou cogneur », 07/05/08), le parcours d’élu local du natif de Châlons-sur-Marne : « Il tente une première fois d’arracher Saint-Quentin à la gauche en 1989. (...) Branlée mémorable, mais (...) il remporte la ville en 1995, devient député de l’Aisne en 2002. » La percée à l’échelle nationale ne s’est pas non plus faite du jour au lendemain. Ainsi, Didier Hassoux narre cette anecdote : « Invité début novembre 2006 dans les locaux du Parisien pour une rencontre avec des lecteurs, il a été confondu par certains avec son garde du corps ». Une péripétie qui n’a pas freiné l’ascension fulgurante du Picard au sein des gouvernements Raffarin, Villepin, puis Fillon [2].
Apparemment « jovial », Bertrand serait plutôt du genre « cogneur sans angles », selon Anne-Sophie Mercier, et « qui donne des boutons à la moitié de ses camarades du gouvernement ». Ceux-là (Lagarde, Hortefeux, etc., plus Copé) « veulent sa peau, rêvent de le bloquer » et pratiquent, dans son dos, le « Bertrand bashing » (« vanner Bertrand »). Le Canard confirme que le « fatal Picard » n’est pas un tendre : certains de ses collaborateurs avouent avoir « peur de lui ». Didier Hassoux constate par ailleurs que « ses ennemis (à droite et au gouvernement) sont de plus en plus nombreux ». Certains le surnomment « le fayot », tandis que d’autres vont jusqu’à le traiter de « gros con ».
Il faut au moins ça pour devenir numéro 1, ce n’est pas son mentor Sarkozy qui dira le contraire.
[1] D’après Charlie, il s’est engagé avec Euro-RSCG (boîte co-fondée par Séguéla) pour la gestion de sa com’ et de son image.
[2] Lire également « De la tortue à négociator : histoire d’un assistant qui a réussi » sur Le journal d’un assistant parlementaire.
0 | 5