mercredi 19 janvier 2011, par Charlie enchaîné
Jusqu’à la semaine dernière, Marine Le Pen caricaturée par Cabu, c’était encore Jean-Marie travesti en femme (ci-contre). « Je n’arrive pas encore à la dessiner, donc je fais le père, et puis je lui rajoute des grands cheveux blonds », confiait Cabu le 6 janvier 2011 lors de l’émission Souriez, vous êtes informés. Le dessinateur du Canard enchaîné et de Charlie Hebdo se justifiait ainsi : « Elle n’a pas encore des traits bien définis. Dans dix ans ce sera bon, elle va ressembler d’avantage à son papa. ». Cabu avait toutefois ajouté : « Il va falloir quand même que je la dessine, si elle est présidente de son club. »
Le caricaturiste s’est donc attelé à la tâche et nous offre, cette semaine (19/1), dans nos deux hebdomadaires satiriques favoris, son nouveau visage de Marine Le Pen.
Ce nouveau visage est plus féminin que celui de son père, certes, mais il inspire toujours aussi peu de sympathie. Dans les dessins ci-dessus, parus tous deux en une du Canard (à gauche) et de Charlie (à droite), « Marine » est affublée d’une clope au bec — une Gauloise ? —, accessoire que l’on voit peu sur les photographies que l’on connaît d’elle. Par ailleurs, l’héritière a des cernes importants sous les yeux, ce qui la vieillit considérablement. Ce vieillissement est renforcé par la quincaillerie ajoutée par Cabu : boucle d’oreille criante et collier de perle. Et dans le dessin de la une de Charlie Hebdo, le caricaturiste lui fait porter une veste de tailleur qu’Angela Merkel ne renierait pas. Bref, Marine Le Pen ressemble moins ici à une Jeanne d’Arc conquérante qu’à une Annie Girardot dans un mauvais jour.
D’autres caricatures de Marine Le Pen signées Cabu sont visibles dans les numéros de Charlie Hebdo et du Canard enchaîné publiés cette semaine (ci-dessous).
Dans une « couverture à laquelle on a échappé » de Charlie, dont on peut voir la réalisation des couleurs par Cabu dans une vidéo tournée par l’hebdomadaire, le caricaturiste propose un dessin très original, où le visage de la fille Le Pen est représentée sur une boîte ronde en guerrière walkyrie à cornes. La mention « 50% de matière grasse » fait immédiatement penser à un fromage, ce qui conduit finalement le lecteur à saisir le jeu de mot walkyrie/« vache qui rit ».
Le deuxième dessin, trouvé dans Le Canard, est plus classique. Il mêle deux événements survenus en fin de semaine dernière, à savoir l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du FN et le départ de Ben Ali de Tunisie. Cabu résume l’obsession de l’immigration du parti d’extrême droite par l’idée de « virer des Arabes ». Ici, les Le Pen prennent ce désir pour une réalité, se gargarisant de l’expulsion de l’ancien président tunisien, dont une rumeur le disait de passage à Paris le soir où il a été contraint de quitter son pays.
Dans tous les cas, Cabu a fait un choix en caricaturant Marine Le Pen. Celui de la ridiculiser.