mercredi 30 mars 2011, par Charlie enchaîné
mise à jour : jeudi 31 mars 2011
Pour la photo, Claude Angeli pose debout, à côté du trou laissé par les « plombiers », ces agents des services secrets pris en flagrant délit de pose de micros dans les locaux du Canard enchaîné, dans la nuit du 3 décembre 1973. Le journal a apposé une plaque au-dessus de ce fait d’armes : « Don de Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur, 1968-1974 ». D’abord invité par le photographe à s’installer dans un fauteuil sous un mur de dessins, raconte le New York Times (NYT), Claude Angeli a préféré ce clin d’œil à ses premières années passées au sein de l’hebdomadaire satirique — autrement, « j’aurai eu l’air pompeux », argue-t-il.
Alors que les grands titres de la presse traditionnelle s’effondrent, comment expliquer le succès du Canard enchaîné, dont les ventes ont crû de 32% depuis que Nicolas Sarkozy a accédé à la présidence de la République, demande le quotidien américain ? « Je ne sais pas », répond Claude Angeli avec un haussement d’épaules. Mais selon lui, écrit la journaliste du NYT, les membres du gouvernement ont une si mauvaise opinion du Président que les fuites sont plus nombreuses qu’à l’accoutumée…
Le père de Claude Angeli était professeur de gymnastique. Lorsqu’il avait 20 ans, l’actuel rédacteur en chef du Canard enchaîné, né en dehors de Paris, jouait au volley-ball et ne se voyait pas journaliste, raconte le Times. Bientôt, il entre au Parti communiste, où il côtoie un certain Bernard Kouchner. Rapidement déçu, il intègre la rédaction du Nouvel Observateur, où exerçait Jean-Paul Sartre, entre autres. « J’ai appris en étant corrigé », confie Claude Angeli. « J’écrivais, et eux récrivaient. C’est une bonne façon d’apprendre. » Le quotidien d’outre-atlantique n’en dit pas plus sur le parcours du rédacteur en chef avant son entrée au Canard enchaîné.
L’article, signé Suzanne Daley, évoque aussi l’attachement du journaliste à l’encre et au papier. « Pas de BlackBerry. Pas d’iPhone. Aucun ordinateur en vue. (…) [M. Angeli] écrit ses articles à la main. » Il fait parti de la majorité des 16 rédacteurs du Canard enchaîné qui travaillent de la sorte, ainsi que l’avait rapporté Der Spiegel Online. Un jour viendra où Claude Angeli abandonnera sa fonction de rédacteur en chef. Mais il n’a aucune intention d’arrêter d’écrire, rapporte le NYT. « Pour quoi faire ? Enfiler mes pantoufles ? », ajoute Claude Angeli.
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